Revue de presse du vendredi 13 et du samedi 14 mai

 

Une pile de journauxJeudi, Cannes présentait deux films sur le cancer (un hommage à Laurent Wauquiez ?). Du coup, la plupart des rédactions n’ont fait qu’un papier. Hier, votre obligée prenait le train pour rejoindre la dream team de Grand Écart. Du coup, la plupart de moi-même décide de ne faire qu’un papier pour deux jours. Ouais.

Si le film a entraîné de vives discussions pour quelques grand-écartés autour d’un chawarma, La guerre est déclarée fait l’unanimité de la presse. Pour résumer notre débat interne, c’est vers Libé qu’on se tourne. On se dit que Valérie Donzelli est folle, la reine des dingues, qu’elle confond cinéma et thérapie, fiction et exorcisme, qu’elle a franchi la ligne jaune qui sépare l’intime et l’extime. Or, La guerre est déclarée est là, par-delà la morale, et le film nous dit, nous hurle même, que Valérie Donzelli a eu raison d’être folle. Pour Les Inrocks, avec ses petites saynètes stylisées et pop, remarquablement tempéré de moments virtuoses de comédie, ce chemin de croix de deux jeunes parents amuse à sa périphérie, émeut profondément en son centre. Alors que Le Monde loue la liberté, l’audace, l’invention et la grâce du film présenté à la Semaine de la critique. N’en jetez plus. Du côté d’Un Certain Regard, c’est Gus Van Sant qui s’attaquait à la tumeur du cerveau. Les Inrocks, comme Libé, pointent l’éclectisme du monsieur, sa persistance à défaire l’idée qu’on se fait d’un auteur. Pour autant, Restless reste un objet particulièrement déstabilisant pour Libération. Une petite chose très cheesy qui pourrait être le pilote d’une série pour teenagers entre Dawson’s Creek et Gossip Girl, un film écrit comme un slow pour faire pleurer les jeunes filles dans leur chambre, pour les premiers. Et qui semble côtoyer les royaumes visités par M. Night Shyamalan, mais dont le ton est celui d’une sécheresse antisentimentale, d’un mélo sans affects, pour le second. Avec grâce, Van Sant transfigure ce canevas morbide en une peinture automnale qui célèbre le triomphe de l’esprit sur la précarité de la matière, conclut Le Monde. En gros, Restless est un film qui inspire des tirades lyriques à résonance culture pop à la presse.

Supercombo encore bien pratique pour les rédactions, jeudi étaient présentés en compétition deux films réalisés par des femmes. Mais bon, ça se dit encore, « film de femme », s’interroge Aurélien Ferenczi sur son blog ? Le goût du détail, le sens de l’image, la préférence donnée au mystère plus qu’à l’explication, c’est féminin, ça ? Les deux films ont en partage le puissant malaise qu’ils font naître, résume Le Monde, même si Libération souligne à la fois la maigreur des applaudissements en fin de projection de presse de Sleeping Beauty et le fait que We Need to Talk About Kevin n’est pas toujours aussi perturbant qu’il le souhaiterait. Pour Les Inrocks, ce dernier s’égare dans le symbolisme lourdaud et les afféteries stylistiques appuyées (“attention, je suis une artiste”, clamé à chaque plan). Autre film de femme, mais présenté le jour d’après et ne bénéficiant donc pas du supercombo du jeudi, Polisse de Maïwenn est le premier film en compétition à susciter des envies de prix. Sur son blog, Pierre Siankowski, des Inrocks, fait état de son gros pressentiment : JoeyStarr va repartir avec le prix d’Interprétation. La direction d’acteurs est d’ailleurs louée de partout. C’est l’intensité kechichienne du casting qui saisit en tout premier lieu et scotche le spectateur quasiment sans répit pour Les Inrocks, qui poursuit : Maïwenn n’a peut-être pas réalisé un grand film, mais un objet filmique très contemporain, certainement. Aurélien Ferenczi balance, comme ça, l’air de rien, que Maïwenn, c’est de l’art brut, et prudent, se dit qu’il n’est pas impossible que Polisse soit quelque part au palmarès. Le film lui appartient, avec une sauvagerie et un sens du désordre, paradoxal et essentiel, qui imprime sa marque indélébile, complète Libération. Enfin, comme aucun article ne précise si, dans Habemus Papam, Michel Piccoli mentionne le fait qu’il est le pape et qu’il attend sa soeur, on boude. Ouais.

Sources : Libération, Le Monde.fr, Télérama.fr, Les Inrocks.com, 13/05/2011 et 14/05/2011
 

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