Vers l’autre rive, de Kiyoshi Kurosawa

 

Sélection Un Certain Regard 2015

Vers l'autre rive, de Kiyoshi KurosawaQui ?
Kiyoshi Kurosawa. En 1985, il était réalisateur de pinku eiga (The Excitement of the Do Re Mi Fa Girl, qui lui attire les foudres de la Nikkatsu). En 1997, il était cinéaste de genre : Cure n’était que le premier d’une longue liste d’œuvres fantastico-horrifiques esthétiques et audacieuses. En 2008, il devenait un metteur en scène d’horreur qui voulait s’émanciper dans le drama, ce genre typiquement japonais (Tokyo Sonata). Allez, en 2015, on dit qu’on arrête définitivement les étiquettes, qui lui vont si mal : Kiyoshi Kurosawa n’est ni un réalisateur de films érotiques, ni de films d’horreur, ni de dramas. Ou plutôt, il est tout ça à la fois, et c’est de plus en plus vrai après chaque film. Il confiait pourtant à la sortie de Real il y a quelques mois que « [son] rêve aujourd’hui serait plutôt de faire ‘un film, un genre’. Et d’avoir la chance de pouvoir aborder au moins une fois chaque genre existant avant la fin de [sa] carrière » (cf. Télérama). Echec cuisant ou inconscient en plein surmenage ? De The Excitement of the Do Re Mi Fa Girl à l’étincelant Shokuzai, en passant par Jellyfish et Real, les longs-métrages du Japonais sont marqués par une originalité et une grâce qui passent par le mélange des genres. Et les rendent aussi inclassables qu’inoubliables.

Quoi ?
Vers l’autre rive ne sera toujours pas le film d’un genre. L’histoire de Yusuke, qui convie sa compagne Mizuki à un voyage au cœur du Japon à travers les villages et rizières, à la rencontre de tous ceux qu’il a croisés… depuis qu’il est mort, noyé en mer il y a trois ans. Un film fantastique empreint de réalisme, donc. Ou un film réaliste empreint de fantastique. A moins que… ?

 
Vers l’autre rive (Kishibe no tabi), de Kiyoshi Kurosawa, avec Eri Fukatsu, Tadanobu Asano, Masao Komatsu, Yu Aoi, Akira Emoto… France, Japon, 2015. Prix de la mise en scène Un Certain Regard au 68e Festival de Cannes.