Sans adieu, de Christophe Agou

 

Sans prétention

sans-adieu-christophe-agou-acidDans la région du Forez, Claudette, Jean-Clément, Christiane, Raymond et Mathilde ont un point en commun : ils sont paysans (éleveurs ou agriculteurs) et ont toutes les peines du monde à s’en sortir financièrement. Ils se battent avec l’administration, l’assistante sociale, les impôts, et des lois absurdes qui les asphyxient. Mais le pilier de ce documentaire, c’est Claudette, vieille dame âgée de 80 ans, qui vit seule dans sa ferme et refuse de céder ses terres.

Sans adieu nous aide à mieux comprendre ce milieu, à travers différentes histoires : les vaches de Jean-Clément et de sa femme sont bien plus qu’un simple gagne-pain, ce sont des êtres vivants avec lesquels se noue une relation. Quand le troupeau est emmené pour effectuer une série de tests afin de déterminer la présence de la vache folle ou non, le couple se braque en raison du manque de considération à l’égard de leurs bêtes. Christiane, célibataire, parle de ses difficultés à garder un compagnon en tant que femme, parce qu’elle se refuse à quitter sa campagne et sa ferme dans laquelle elle a travaillé toute sa vie. Quant à Raymond, il reste coincé dans un passé bel et bien révolu, accompagné de photos de lui et de ses proches, du temps où les choses étaient plus simples. La nature, elle, est vaste et silencieuse, tantôt accueillante et lumineuse, tantôt froide et boueuse. La caméra de Christophe Agou filme la solitude de ses protagonistes, leur nostalgie, et leurs animaux. Chats, chiens, vaches et oies font partie intégrante de ce documentaire, et sont filmés comme des personnes. Retirez-les, et ce n’est plus le même film.

C’est à mesure des séquences que se ressentent l’attachement et l’engagement sincère du réalisateur à un monde paysan en détresse. Le cœur gros, on regarde défiler lentement le générique de Sans adieu, tout en repensant avec admiration à la foi inébranlable de ces héros et héroïnes qui ne cessent jamais, mais absolument jamais, de lutter.

 
Sans adieu de Christophe Agou. France, 2017. Présenté à la sélection ACID au 70e Festival de Cannes.