Le Hobbit : la Désolation de Smaug, de Peter Jackson

 

Le Hobbit : la désolation de Smaug, de Peter JacksonLa Désolation de Smaug… « Désolation ». Un sentiment que l’on peut éprouver en sortant de cette (très) longue suite des aventures de Bilbon et de ses amis les Nains. L’an dernier, nous vous livrions d’ailleurs une critique un brin déçue du premier épisode de cette nouvelle trilogie de neuf heures. Cette deuxième partie ne reprend heureusement pas tout ce qui avait pu nous titiller et nous agacer (à savoir des thèmes musicaux ultra-rabâchés, une mise en place un brin ennuyeuse, des effets spéciaux parfois proches du jeu vidéo), mais elle en rajoute d’autres. Le film s’étire comme un élastique, jusqu’au point de rupture, avec une confrontation héros miniatures-dragon géant qui s’éternise comme un dimanche après-midi chez une vieille tante malade. Ca court dans tous les sens, ça crache des flammes, ça passe par ici, ça repasse par là, on fait un p’tit coup de ruse, ça échoue, on en trouve une autre, ça échoue de plus belle… Pendant une bonne demi-heure, Nains, Hobbit et dragon (superbement doublé par Benedict Cumberbatch) se courent après comme à la fin du feuilleton Benny Hill, l’humour en moins. Ce qui manque d’ailleurs cruellement dans cet épisode. Tout ceci est bien trop sérieux, entre des Orques qui conversent entre deux massacres, des Elfes aux pupilles azur un peu trop dilatées qui oublient de sourire, un Sauron en forme olympique (alors qu’il ne sera plus qu’un œil menaçant dans la trilogie suivante), des intrigues parallèles qui ralentissent la fluidité du film. Sans oublier un Bilbon en petite forme, lui qui apportait toute la truculence du précédent volet (mais à sa décharge, il est en train de devenir un Hobbit courageux, respectable et respecté). Peter Jackson n’oublie pas le public féminin, avec une intrigue absente du roman original, un trio amoureux (encore frémissant, certes) entre Tauriel (une Elfe créée de toutes pièces pour l’occasion et interprétée avec fougue par Evangeline Lost Lilly), le Nain Kili (le plus glamour des douze, tant qu’à faire) et Legolas qui est de retour, mâchoire carrée et arc toujours bandé. Mais qu’on ne s’y trompe pas : Le Hobbit : la Désolation de Smaug est un pur divertissement de Noël bien comme il faut, avec des moments de bravoure palpitants, tels que toute la partie se déroulant dans la Forêt Noire, entre araignées géantes et affamées, chemin de perdition, Elfes sylvestres peu coopératifs et course-poursuite en tonneaux. Et Peter Jackson est suffisamment malin pour nous concocter une fin qui donne terriblement envie de voir la suite de cette trilogie belle et bien faite, mais qui a oublié un ingrédient essentiel de celle du Seigneur des Anneaux : une âme. Rendez-vous l’année prochaine pour le verdict final…

Le Hobbit : la Désolation de Smaug de Peter Jackson, avec Martin Freeman, Ian McKellen, Orlando Bloom, Evangeline Lilly, Luke Evans, Richard Armitage… Nouvelle-Zélande, Etats-Unis, 2013. Sortie le 11 décembre 2013.