Hope, de Boris Lojkine

 

Espoir et endurance

Hope, de Boris LojkineIl y a plusieurs options pour évoquer l’immigration clandestine au cinéma, devenu presque un genre à part entière. Entre documentaire et fiction, Boris Lojkine n’a pas vraiment choisi. Issu du documentaire, il signe une fiction entièrement jouée par des acteurs non-professionnels trouvés dans les ghettos camerounais et les églises nigérianes clandestines du Maroc. Les mêmes que ceux reconstitués dans Hope. Hope, c’est le prénom de la jeune femme que l’on suit du Sahara aux rives de la Méditerranée, l’Europe en point de mire. Mais pour tout dire, c’est le prénom de l’actrice, Endurance, qui aurait mieux convenu, tant rien ne lui est épargné. Lorsqu’on la découvre dans le désert, elle se fait passer pour un homme, avant d’être rapidement démasquée, violée, puis abandonnée par le groupe d’hommes auquel elle appartenait aux abords de Tamanrasset. Un homme, dans ce groupe, vient à son aide. Ils ne se sépareront plus, pour le meilleur et pour le pire. Mais surtout le pire. Malgré les trahisons réciproques, ils s’entraident et se soutiennent au milieu du racket, de la prostitution, des intimidations en tous genres. Unis par la force des choses, plus que par les sentiments, ces deux personnages sont pourtant profondément attachés et attachants. Boris Lojkine s’offre même de jolis moments, le temps d’une échappée du couple dans les vergers marocains. Pour oublier leur environnement violent et sectaire, avec des oranges fraîchement cueillies, le fil d’un cours d’eau, avant que la réalité ne les rattrape vite, brutale, implacable.

 
Hope de Boris Lojkine, Avec Justin Wang, Endurance Newton… France, 2013. Sortie le 28 janvier 2015. Prix SACD de la 53e Semaine de la critique.