Party Girl, de Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis

 

Can’t buy me love

Party Girl, de Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel TheisAngélique a 60 ans. Elle est entraîneuse dans un cabaret à la frontière allemande. Ses collègues ont 30 ans de moins qu’elle, une plastique parfaite. Les clients la délaissent. Quand elle revoit Michel, un ancien client régulier, il lui déclare son amour et lui demande de l’épouser.

Attention, spoiler. Party Girl en dit peu sur ses protagonistes. D’Angélique (incarnée par la « véritable » Angélique), on sait peu de choses, si ce n’est que la vie ne semble pas l’avoir épargnée. On sait à peine qui est Michel, si ce n’est que son extrême solitude le pousse à chercher du réconfort dans les bras d’Angélique. Et puisque Angélique est habituée à lui prodiguer des câlins, Michel se dit qu’elle n’est certainement pas insensible à son charme. Sauf qu’Angélique y voit autre chose qu’une relation amoureuse : quand on a 60 ans, un savoir-faire périmé par la vieillesse et aucune retraite, un prétendant ne se refuse pas comme ça. Angélique avance sans préméditation, espère que toutes les pièces du puzzle vont s’imbriquer. L’histoire est simple – la possibilité d’une seconde chance –, c’est surtout par la multitude de chemins de lecture que Party Girl fascine. Subtilement, la mise en scène enlevée amène le spectateur à s’interroger – d’abord involontairement, puis avec le poids de la conscience – sur ce que représente Angélique au sein de la société. Les clichés affluent : puisque Angélique est une « fille facile », pourquoi alors refuser avec autant de détermination le rapport sexuel avec Michel ? C’est, en substance, le discours du propre fils d’Angélique (incarné par Samuel Theis), qui aimerait voir sa mère « faire des efforts ». Mais Angélique est sincère, entière. Si elle a fait des erreurs, elle est surtout une victime. Elle ne veut pas faire aussi semblant dans sa vie personnelle, quitte à passer à côté de ce qui est « bon ». Party Girl est un film sur la dignité humaine, quand bien même son héroïne, malgré son âge, est à fleur de peau. Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis (deux étudiantes de la Femis et un comédien ami d’enfance, déjà auréolés de récompenses) réussissent le pari d’un film sensible et humain, où l’émotion naît de la joie et non de la peine – chose suffisamment rare pour être saluée.

 
Party Girl de Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Theis, avec Angélique Litzenburger, Joseph Bour, Mario Theis, Samuel Theis… France, 2013. Prix d’Ensemble Un Certain Regard 2014 et Caméra d’or du 67e Festival de Cannes. Sortie le 3 septembre 2014.