L’Été mouche, de Bertrand Ferrier

 

L'Eté mouche, de Bertrand Ferrier« Il s’apprête à visionner un unmaking of Balte contant le naufrage d’un film du grand Nikaro Hito, qui n’a jamais achevé, pour des raisons cosmiques, métaphysiques, substantielles et autres, ce qui aurait pu être son chef-d’œuvre – raisons qui vont enfin être dévoilées au public haletant. Bref, dès les premières secondes, il se demande : qu’est-ce que je fous ici, bordel, merde ? »

« Puis : qu’est-ce qu’elle fout, elle, pendant ce temps ? » C’est la question que se pose, tout au long de ce roman, le narrateur largué dès la page 21 qui rêve de reconquérir son amour perdu. Flash-back, scènes revisitées à l’envi, ce roman drôle et mélancolique est la confession d’un garçon perdu dans ses rêves. Amoureux éconduit, auteur en quête de reconnaissance, amant maladroit et ami infidèle, le narrateur se cogne aux murs contre lesquels il écrase les mouches. Les chapitres brefs, rythmés, truffés d’humour et de dialogues savoureux rappellent les films de Rohmer. Ambiance estivale et décor parisien pour conter les premiers pas hésitants d’un jeune homme dans le monde mouvementé des adultes en devenir. Et quelques fausses pistes pour un scénario en perpétuelle interrogation : « Je rentrais de la gare de Lyon, tu es venue me voir et tu m’as dit : je crois que je ne suis pas amoureuse de toi. Et, je t’ai répondu : tu te trompes mon amour. Tu te trompes complètement. » Ici, plusieurs histoires se croisent pour finir par dresser le portrait d’un « jeune mais brillant écrivain » resté seul « dans son eau de boudin ». Ce roman très visuel est une succession de courts-métrages, tristes et légers, selon l’humeur du lecteur-spectateur. A lire à l’ombre d’une terrasse, loin des mouches et « dans la lumière du soleil ».

L’Été mouche de Bertrand Ferrier, éditions Grasset Jeunesse – Coll.Lampe de poche. Roman pour adolescents, mai 2011, 172 pages.

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