Plateau télé : semaine du 9 juin

 

Le Voyage dans la Lune, de Georges MélièsJuin, c’est avant tout la saison des examens. Pour soutenir les futurs bacheliers et autres étudiants, la télé organise une grande session de révision. De classiques. Un festival Hitchcock sur Arte, le Ptit Gibus sur Gulli, les débuts de Kevin Bacon au bord du lac, et ceux des effets spéciaux, on ne fera pas d’impasses.
 

Les Oiseaux, d’Alfred Hitchcock – dimanche, 20h45 – Arte
L’homme qui en savait trop, d’Alfred Hitchcock – lundi, 20h50 – Arte
La Corde, d’Alfred Hitchcock – lundi, 22h45 – Arte

Dimanche et lundi, on peut s’enchaîner, sur Arte, quelques scènes d’anthologie grâce à Sir Alfred.
On commence par le chignon de Tippi Hedren, malmené dans Les Oiseaux, et on tremble déjà d’avoir à revoir la séquence de l’école, maîtrise totale de l’angoisse au cinéma. Melanie attend tranquillement la sortie, en fumant une cigarette, pendant que les enfants chantent une comptine répétitive. Les oiseaux s’amassent, tranquillement eux aussi. Filmés, eux aussi, de manière répétitive. Une séquence étrangement paisible, d’attente et de montée en tension progressive, avant l’explosion des cris. L’efficacité de la simplicité.
Organisation de l’attente encore et toujours avec L’Homme qui en savait trop et la séquence du Royal Albert Hall. Hitchcock fait en sorte que le spectateur soit en avance sur l’action, qu’il l’attende, et surtout la redoute. Qu’il en sache trop, donc. Pendant douze minutes, il filme un concert au Royal Albert Hall, durant lequel un attentat se produira au coup de cymbales. Une séquence sans dialogue, dans laquelle il joue du contraste entre l’urgence des couloirs et la sérénité de la salle de concert, entre l’agitation de ceux qui traquent le tueur et le calme avec lequel on tourne les pages d’une partition qui avance inexorablement. Le sens du rythme, toujours.
La Corde, c’est l’art de la dissimulation. Celle d’un cadavre caché dans un coffre pendant une réception. Celle de l’homosexualité des deux personnages principaux, partners in crime. Celle d’un plan-séquence de 80 minutes auquel, pour des raisons techniques de longueur des bobines, le film ne peut se cantonner. Le symbole du cinéma du maître, qui jouant des artifices, dévoile ce qui d’ordinaire reste caché.
 

Vendredi 13, de Sean S. Cunnigham – dimanche, 22h40 – Arte

On reste dans l’angoisse avec les prémices des meurtres de Jason, le tueur au masque de hockey, même si diffuser Vendredi 13 un dimanche 9 n’a pas beaucoup de sens. Ce film ouvre, avec Halloween en 1978, une décennie de règne des slasher movies, ensuite disséqués par la figure du genre, Wes Craven, dans la décennie suivante avec Scream. Tout y est : un groupe d’adolescents (parmi lesquels le jeune débutant Kevin Bacon), une cabane dans les bois, du sexe, une quête vengeresse, et du sang. Ca défoule pas pendant les révisions, ça ?
 

Le Voyage dans la Lune, de Georges Méliès – mardi, 0h20 – Arte

Réviser, c’est aussi rendre hommage aux précurseurs : comme avant la calculatrice il y avait Pythagore, avant l’ordinateur et les effets spéciaux numériques il y avait Georges Méliès. Dans ce Voyage dans la Lune, bijou féerique et astucieux, Georges Méliès met à profit tous les trucages qu’il a inventés depuis l’aube du cinéma (escamotages, fondus, grossissements et rapetissements, surimpression d’images…) pour offrir un film fantastique à plus d’un titre, une œuvre de fiction copiée, citée et étudiée depuis plus d’un siècle. Quinze minutes de bonheur.
 

La Guerre des boutons, d’Yves Robert – jeudi, 20h45 – Gulli

On est en juin, l’école est bientôt finie, alors on anticipe un peu avec le joyeux chahut de La Guerre des boutons. Une guerre sans merci, en culottes courtes, voire sans culotte, à coups de lance-pierres et d’arrachage de boutons, de « couilles molles » et de « peigne-culs », mais où on disserte malgré tout de la République et de l’égalité quand il s’agit de constituer un trésor de guerre. Un coup à faire oublier les deux remakes récents, qui s’étaient eux-mêmes livrés à une bataille tranchée. Le charme suranné du noir et blanc et du langage désuet.
Et si vraiment, les boutons, ça vous botte, il y a Coraline, bijou d’animation d’Henry Selick, la veille sur Arte.