Plateau télé : semaine du 5 janvier 2014

 

Bonne année télé !C’est l’heure des bonnes résolutions : on tombera amoureux, de Marius ou de Jeannette, on défendra la veuve et l’orphelin tel un Robin des Bois des temps modernes, on se souviendra que la drogue, c’est mal (on finit dans des prisons turques de Midnight Express ou cela se termine dans un bain de sang à la Pulp Fiction), on révisera ses classiques (de Kurosawa à Tarantino), on ne sera pas pris au dépourvu et on attend déjà 2015 de pied ferme en revoyant l’épisode I de Star Wars, avant le VII de JJ Abrams, on se souvient que les plans-séquences, c’est mieux quand ça veut dire quelque chose, devant Snake Eyes, on se conduit bien sur la route et on n’énerve pas les autres automobilistes avec Duel, on ne couche pas avec ses profs (ou on ne fait pas de détournement de mineur, question de point de vue) avec Noce blanche, et enfin, tel Leonardo DiCaprio dans Attrape-moi si tu peux, on ne se lance pas dans l’usurpation d’identité mais on profitera de la vie, et de chaque occasion. Bonne année.
 

Marius et Jeannette, de Robert Guédiguian – dimanche, 20h30 – LCP

La queue de cheval rebondissante d’Ariane Ascaride, la douceur de Gérard Meylan, les cuites de Jean-Pierre Darroussin et les fous rires dans une cour de l’Estaque sous le soleil marseillais. Autant de raisons de revoir Marius et Jeannette et de commencer ainsi cette année dans la bonne humeur. Alors que Robert Guédiguian faisait déjà des films depuis une vingtaine d’années, il éclate soudain au grand jour avec cette petite troupe à la fin des années 1990. Une histoire simple, des dialogues savoureux, et le témoignage, toujours, de la classe ouvrière, de son énergie et de ses blessures, de ses pudeurs et de ses fiertés. La preuve que le cinéma sincère et politique n’a pas besoin de grands effets ni de grands discours pour toucher juste.
 

Robin des Bois, de Ridley Scott – dimanche, 20h50 – HD1

Le duo de Gladiator se reforme pour l’épopée d’un autre rebelle légendaire. Et c’est en effet un portrait loin des collants d’Errol Flynn et du brushing de Kevin Costner, mais plus proche de la jupette de Maximus, que brossent Ridley Scott et Russell Crowe de Robin des Bois. On passera sur la reconstitution parfois hasardeuse du Nottingham du Moyen Age (par exemple, il y a une auberge dans cette charmante petite ville depuis 1189, censée être la plus vieille d’Angleterre, figurez-vous), ainsi que sur les plans de Russell Crowe allongé sur une peau de bête devant la cheminée, en marcel, pour se concentrer sur la naissance de la légende de Robin des Bois et sur le personnage de Marianne, Cate Blanchett en surprenante femme forte, indépendante et déterminée. On s’attache donc plus aux jeux de cour et de pouvoirs, à la conscience politique du couple Robin/Marianne, et à la peinture de la misère sociale de l’Angleterre du XIIIe siècle qu’au folklore à base de vielle à roue, le tout pour se terminer dans une bataille épique les pieds dans l’eau, dans une lumière éclatante.
 

Midnight Express, d’Alan Parker – dimanche, 22h35 – D8

« Tu as déjà visité une prison turque ? » demandait le pilote encore conscient de l’avion des ZAZ (Y a-t-il un pilote dans l’avion, donc). Eh bien, c’est l’occasion. Midnight Express et sa musique entêtante, c’est une plongée dans l’enfer carcéral, crade, cruel et violent, et une bataille perdue d’avance contre un système corrompu. Un film sombre et dur pourtant baigné de la lumière éclatante de la Turquie. S’il est adapté d’une histoire vraie, le film est écrit par Oliver Stone, alors inconnu, mais dont on connaît maintenant le sens de la mesure. Le résultat n’est pas bien subtil, et volontairement choquant, mais les acteurs, Brad Davis et John Hurt – qui ne se serait pas lavé pendant le tournage, pour rester au plus près de son personnage –, sont fascinants.
 

Pulp Fiction, de Quentin Tarantino – lundi, 20h50 – W9

2013 avait débuté par le réjouissant Django Unchained. Pour débuter 2014, un petit retour vers Pulp Fiction ne fait pas de mal. Tout Tarantino était déjà là, il y a vingt ans, dès son deuxième film : cet alliage si particulier de l’humour détaché et de la violence outrancière, cette fascination égalée pour le sang, la pop culture et les femmes aux pieds nus. Ces narrations alambiquées qui prennent leur temps pour arriver au but, chérissant les digressions multiples, les débats sans fin et les éclats jouissifs. Une fois n’est pas coutume, la Palme d’or a récompensé le film le plus essentiel de la filmographie d’un auteur, car il est la matrice de tous les autres. Pulp fiction, malgré sa forme éclatée, n’est pas un film somme. Il est l’équation de départ, qui met tous les éléments en place.
 

Rashômon, d’Akira Kurosawa – lundi, 22h40 – Arte

Un crime, quatre versions des faits. Est-il question d’honneur ou d’intérêt bassement personnel ? En 1950, avec une histoire de samouraï située au Xe siècle, Kurosawa introduit la complexité des personnages au cinéma avec une modernité qui ne vieillit pas. L’idée que la vérité n’est pas unique, mais que chacun peut en donner un éclairage différent. Une leçon de mise en scène, chaque flash-back épousant un point de vue sur l’action et les motivations des personnages, par des jeux de lumière et de cadrages. Des détails qui prennent une importance différente à chaque témoignage, formant ainsi un puzzle qu’il revient au spectateur de résoudre. Une vision aussi assez sombre de l’être humain jusqu’à ce que la pluie cesse et que le soleil accompagne une foi retrouvée en l’humanité.

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