Plateau télé : semaine du 26 janvier 2014

 

Virgin Suicides, de Sofia CoppolaCette semaine, on passera vite sur les programmations aberrantes (Joyeuses funérailles, la réjouissante comédie de Frank Oz avec la star de Game of Thrones, Peter Dinklage, en VF, à 0h25 lundi soir sur France 2, ou les deux premiers volets de la savoureuse Cornetto Trilogy, – dont le troisième, Le Dernier Pub avant la fin du monde sort en DVD – dans le désordre – Hot Fuzz, puis Shaun of the Dead –, et en VF, jeudi soir sur NT1) pour se plonger, c’est dans l’air du temps, dans les affres du romantisme. La désillusion des rapports hommes-femmes dans la ronde Embrassez qui vous voudrez, la mélancolie de la rupture avec le très graphique (500) jours ensemble, le mystère des sœurs Lisbon et leurs Virgin Suicides, et, back to basics, le charme très britannique de Quatre mariages et un enterrement.
 

Embrassez qui vous voudrez, de Michel Blanc – dimanche, 20h50 – D8

Des quiproquos, le jeu des apparences, des personnages extrêmes, et, comme toujours, le sens des répliques cinglantes, Michel Blanc réunit tous les ingrédients d’une comédie efficace, et les confie à des acteurs jamais décevants et parfois trop rares : Karin Viard, Sami Bouajila, Carole Bouquet, Denis Podalydès, Jacques Dutronc… Certainement parce qu’il en a l’expérience, il déjoue les pièges du film choral, ne délaissant aucun de ses personnages ou de ses intrigues. Sous le vernis de la comédie, et le soleil de vacances à la plage, il filme surtout les espoirs déçus et les illusions perdues. L’humour est la politesse du désespoir, paraît-il. Michel Blanc est un garçon très poli.
 

(500) jours ensemble, de Marc Webb – mardi, 20h40 – Numéro 23

Renouveler le genre de la comédie romantique n’est jamais facile. Le truc de Marc Webb, c’est de bousculer la chronologie et de casser les clichés. La rencontre, l’idylle, la séparation, tout se mélange pour ne se concentrer que sur les moments clés, et ne retenir dans ces 500 jours que ceux qui comptent. Les plus futiles – une joyeuse visite chez Ikea, une discussion d’ascenseur, devenues par la grâce du temps passé des expériences fortes – comme les plus douloureux – magnifique juxtaposition des espoirs rêvés et de la cruelle réalité. La douceur mélancolique de Joseph Gordon-Levitt ne résiste pas face à l’énergie, la fantaisie et les fascinants yeux bleus de Zooey Deschanel. De lui, elle ne fait qu’une bouchée, inversant ainsi les rôles traditionnels de la comédie romantique. (500) jours ensemble, malgré son titre, est le film d’une séparation. Et c’est lui, l’homme, qui est inconsolable, qui se traîne et se plaint à ses potes et à sa petite sœur, pour finir – parce que la morale est quand même sauve et qu’on a notre happy end – par retrouver sa voie.
 

Virgin Suicides, de Sofia Coppola – mercredi, 20h50 – Arte

Encore une variation sur le romantisme. Pour son premier film, Sofia Coppola plaçait la barre haut. Parce que ce sont les voisins énamourés des sœurs Lisbon qui racontent les mois et semaines qui ont précédé leurs suicides, les cinq filles blondes – dont la jeune Kirsten Dunst – sont filmées comme des créatures étranges, mystérieuses, magnifiques et inaccessibles. Avec la musique envoûtante de Air, Sofia Coppola créait son style aérien, presque éthéré, et dynamitait le teen movie. Les émotions, les maladresses et les obsessions sont les mêmes, la poésie en plus. Comme si tout ce qui tourne autour de l’un des événements fondamentaux de la vie, comme le bal de fin d’année, n’avait jamais été filmé comme ça. Comme si les affres de l’adolescence, dans leur intensité comme dans leur futilité, étaient enfin pris au sérieux.
 

Quatre mariages et un enterrement, de Mike Newell – jeudi, 20h50 – 6ter

On ne peut pas conclure cette semaine dédiée au romantisme et aux détournements du genre sans revenir aux fondamentaux, aux princes de la comédie romantique : le couple improbable formé par Hugh Grant et une actrice américaine – ici, Andie McDowell (si quelqu’un a de ses nouvelles d’ailleurs, on est preneur). Quatre mariages et un enterrement est le film-source pour Hugh Grant. Le rôle qu’il ne cessera de rejouer : timide, maladroit, entouré d’une bande de copains solidaires, constituée d’excentriques, de losers, voire des deux, et désespérément amoureux d’une femme à l’assurance désarmante et insaisissable. Le tout au son de la chanson des Wet Wet Wet, devenue quelques années plus tard, sous la même plume de Richard Curtis, histoire de boucler la boucle, “Christmas is All Around” par le génial Bill Nighy dans Love Actually. C’est ici que tout a commencé pour la comédie romantique britannique.