Plateau télé : semaine du 23 février 2014

 

Moustache TVAlors qu’on se prépare à célébrer le cinéma à la fin de la semaine avec les César vendredi soir puis les Oscars dans la nuit de dimanche à lundi pour les insomniaques, la télé aurait pu faire un effort et se mettre sur son 31. Eh bien non. France 2 a innové avec succès en diffusant une série britannique en VM (la très réussie Broadchurch, avec David Tennant, ex-Doctor Who), mais France 3 reste à la traîne. Et si elle a la pertinence de diffuser Le Discours d’un roi, récompensé des 4 oscars les plus prestigieux (film, scénario, réalisateur, acteur), elle le fait en VF. Ce qui, pour un film sur les difficultés d’élocution du roi George VI, n’a aucun sens. Bref, heureusement qu’Arte existe et viendra nous sortir du marasme, avec notamment la poursuite de son cycle sur la guerre de 14-18 (Capitaine Conan et Johnny s’en va-t-en guerre). Ca vous laissera du temps pour commencer à faire des paris et pronostics sur les cérémonies du week-end, et à confectionner des grilles de bingo (intermittents, blague sur Julie Gayet, merci Claude Berri, larmes, bides, un moment gênant à la Jeanne Balibar, bisous à mes enfants qui me regardent à la télé, irruption de Gérard Depardieu, etc.). A vos stylos.
 

L’Horloger de Saint-Paul, de Bertrand Tavernier – dimanche, 20h45 – Arte

Pas de prise de risques inconsidérés. Tavernier, pour son premier film (récompensé du prix Louis-Delluc), a tapé dans les valeurs sûres : une adaptation de Simenon – qui, donc, n’a pas inspiré que des épisodes de Maigret –, transposée dans sa ville natale de Lyon, interprétée par Philippe Noiret. L’histoire d’un père qui découvre son fils lorsque celui-ci est recherché pour meurtre. L’histoire d’une complicité perdue et retrouvée. En arrière-plan, Tavernier brosse aussi le portrait de la France pompidolienne : les flics, les syndicats, le rapport de force. « Tu vas voir que les Français ont encore voté comme des cons », disent les premiers dialogues du film, après un long plan sur une voiture en flammes. Une violence sous-jacente, qui met une histoire intime sous tension et la place sur un terrain politique.
 

Mulholland Drive, de David Lynch – dimanche, 20h50 – HD1

L’une est aussi blonde que l’autre est brune. Une histoire d’opposés qui s’attirent jusqu’à se confondre. Une fois de plus David Lynch nous perd dans le dédale des inconscients, le sien, le nôtre, celui de ses personnages. Des longues scènes hypnotiques, une mystérieuse clé bleue, une quête. Avec David Lynch, on n’est jamais sûr de savoir où l’on va, de comprendre ce qu’on cherche et ce qu’on trouve. Peu importe, c’est le voyage qui compte. Se laisser embarquer, se perdre, et se raccrocher à un mot énigmatique avant d’aller se coucher : silencio.
 

Un poison violent, de Katell Quillévéré – mercredi, 20h50 – Arte

Sensation de la Quinzaine des réalisateurs 2010, Un poison violent suit Anna, 14 ans, et ses doutes alors qu’elle doit s’engager sur le chemin religieux. Au moment où elle doit faire sa confirmation, elle se trouve à la fois attirée par un jeune garçon et bouleversée par le départ de son père. Le parcours initiatique d’une jeune fille pendant l’été en Bretagne. Le conflit entre la chair et la foi, deux attirances contraires. Elle se crée, chemin faisant, ses propres valeurs, ses propres limites, affronte ses désirs.
 

Le Vilain, d’Albert Dupontel – mercredi, 20h45 – France 4

Vilain est un mot qui va bien à Albert Dupontel. Un mot un peu enfantin, à la fois désuet et réjouissant. Un mot de sale gosse. Espiègle, inventif, et finalement attachant. Dupontel écrit, depuis Bernie, des personnages outranciers, démesurés, dont la violence n’a d’égale que leur bêtise. Comme si le Coyote de Chuck Jones prenait vie sous nos yeux. Des stratagèmes impensables pour un duo burlesque vivifiant. Catherine Frot, grimée en vieille femme, face à son fils, Dupontel, donc, dans une escalade de cascades, de déguisements et de bruitages. A quelques jours des César, où Albert Dupontel concourt avec Neuf mois ferme, on se replonge avec délice dans l’univers déjanté d’un réalisateur qui se fait de plus en plus tendre avec les années.