Ouverture du 65e Festival de Cannes, allegro ma non troppo, à gauche toute !

 

Nanni Moretti, le président sympa du 65e Festival de CannesRappel de la théorie du chaos : une femme de ménage bat des cils à New York, et la Corrèze envoie un deuxième président à l’Elysée. Oui, l’anniversaire de l’affaire DSK coïncide avec l’ouverture du Festival.

C’est avec un sens de l’à-propos particulièrement notable que Wes Anderson, réalisateur à la propreté photographique incontestable (oserait-on dire que son esthétique est au plumeau ?), aura pour tâche de dépoussiérer les strapontins de la salle Lumière, suppléé là par les séants synchrones des festivaliers gloussants. Des zygomatiques au postérieur, Moonrise Kingdom sera une expérience anatomique, réconciliant l’humour et le corps, comme l’a si bien fait Julien Dray.

A gauche toujours, mais loin de New York et de la rue Saint-Denis, Nanni Moretti réhabilite la fonction de président. En face des deux plombiers du libéralisme que sont Super-Mario Monti et Super-Mario Draghi, l’auteur de Palombella Rossa prouve qu’on peut tout à la fois être italien et sympathique, sans nécessairement avoir travaillé pour Goldman Sachs.

Interrogé par fax sur le président qu’il comptait être, Moretti a réalisé une déclaration d’intention exemplaire :

 
« Moi président du jury cannois, je ne serai pas le chef de la compétition. Je ne recevrai aucun des cinéastes impétrants au Bunker.

Moi président du jury cannois, je ne traiterai pas Thierry Frémaux de collaborateur.

Moi président du jury cannois, je ne participerai pas à une collecte de fonds pour mon prochain film dans un hôtel de la Croisette.

Moi président du jury cannois, je considérerai la Quinzaine et la Semaine comme des partenaires incontournables.

Moi président du jury cannois, j’essaierai d’avoir une hauteur de vue, notamment parce qu’Ewan McGregor m’empêche de voir l’écran, quand il a mis du gel. »

 
Voilà, la Gauche est au pouvoir, et c’en est fini pour Cannes de sa traditionnelle cohorte bling-bling n’ayant rien à voir avec les personnages des frères Dardenne, de ses affreuses fêtes gratinées sur des terrasses à mille lieues des décors de Michael Haneke, et du storytelling façon presse people fort éloigné des schémas narratifs de Naomi Kawase.

Il était temps, camarades !