Billet d’humeur #3 : La liste, c’est la vie…

 

Programme d'un journaliste à Cannes“La liste, c’est la vie.” Oskar Schindler ne mentait pas (sauf aux commanditaires de son usine), tant l’actualité cannoise, urbi et orbi, se résume en liste. Mais aussi au paradigme du catalogue : certains sont dessus, et d’autres, plus nombreux encore, n’y figurent point.

Les absents notoires de ce joli mai : Martine Aubry, Olivier Assayas, Rio Mavuba. Trois êtres soumis au même désarroi que le gamin toujours choisi en dernier lors des parties de foot, et que l’on retrouvait aux buts (enfin derrière les filets). Il en va de même pour les déceptions liées aux portefeuilles ministériels ; se retrouver rue de Grenelle quand on voulait une suite à l’hôtel Matignon, puis sur liste complémentaire a de quoi jeter n’importe quelle mairesse de Lille dans le désarroi.
Dans les Alpes-Maritimes, la deuxième quinzaine de ce mois, les sélections ont lieu à tous les étages : dans le bureau de Thierry Frémaux, roi de la rature et des plans de table pour festin festivalier, dans le sous-sol du Palais, où le numerus clausus des journalistes accrédités oblige les folliculaires les plus humbles à se contenter d’aller voir The Avengers en VF au CGR de La Bocca. Et puis, la nuit tombée, la seule énumération qui compte fait loi : un patronyme griffonné sur un post-it, et c’est un Cerbère musclé qui vous ouvre les bras vers la cellule qu’il garde, où anciennes vedettes de téléréalité et troisième assistant stagiaire régisseur se côtoient sur le dance-floor.
Ainsi parlent les petits papiers aux environs de la Croisette, qui comme partout ailleurs sont appelés à devenir de plus petites sélections encore. On ne retient d’un gouvernement que les quelques ténors qui en ont marqué la politique ; si L’Équipe donne tant de place à la liste des 23, seuls les titulaires auront droit à leurs colonnes en une, puis les buteurs ; quant à Cannes, la joie toute printanière d’être sélectionné cède rapidement la place, pour 99 % des cinéastes, à la déception éternelle de ne pas figurer sur la seule liste apprise par cœur : les palmés en or. Serait-elle faite pour être rayée ?

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