Zombie Hunter fait partie de ces films à petit budget qui se réclament de la mouvance « grindhouse » depuis que ce genre de films d’horreur a été ressuscité par les compères Rodriguez et Tarantino avec le diptyque Planet Terror / Death Proof. Parmi cette vague, on a pu remarquer le très divertissant Hobo with a Shotgun, Machete et Machete Kills (dommage, nous ne verrons probablement jamais Machete Kills in Space…), Run, Bitch, Run, Father’s Day et Black Dynamite, hommage à la blaxploitation… Liste non exhaustive, bien sûr.
Les films grindhouse désignent en général des films produits pour peu d’argent dans l’espoir d’un profit rapide et important, ils ont pour sujet des thèmes « choquants » pour l’ordre moral ambiant : le sexe, la violence, l’alcool, la drogue, les monstres, le gore… Au-delà d’un genre, le grindhouse désigne avant tout dans les années 1960-1970 des salles qui diffusent ce genre de films d’exploitation, à raison de deux films la séance, les célèbres double feature.
Aujourd’hui, les grindhouse sont des films quasiment réservés à une sortie en vidéo, peu sont diffusés dans les salles. Mais quel est l’intérêt d’un tel genre aujourd’hui à part une certaine nostalgie fabriquée puisque finalement le public visé (les adolescents) n’a jamais connu ces fameuses salles ?
Si Zombie Hunter prouve bien une chose, c’est l’artificialité totale de ce genre (un parmi d’autres…). Que le film soit « grindhouse » ou pas, cela n’a aucun impact sur son histoire archi-copiée, archi-vue et archi-cliché. Certes, le grindhouse c’est le domaine même du référentiel, c’est l’ADN du genre. Mais uniquement depuis le diptyque cité plus haut. Et à force de références, de clins d’œil, qui ne sont à la longue que paresse d’écriture et facilités, le genre est exsangue, vidé de toute originalité, puisque c’est celle-là même qu’il fuit.
Zombie Hunter est le parfait exemple de l’échec artistique du « neo-grindhouse » quand ce genre se borne à reproduire une formule, à singer des références sans apporter un minimum d’originalité. Sous ses faux airs de Mad Max dopé aux zombies, le film – visiblement au budget riquiqui – n’étale que son vide intersidéral en matière d’histoire, de narration et d’effets spéciaux. La première partie est ennuyeuse, la voix off du héros est insoutenable, et quand le film démarre enfin, le manque d’empathie total avec les personnages nous laisse spectateur d’une série Z vue et revue.
Danny Trejo y joue le même rôle que d’habitude et Marin Copping, l’acteur principal, a le charme d’une endive. La réalisation est parfois inspirée en termes de cadrages et de plans, mais cela ne peut pas rattraper un scénario anémique qui ne raconte que sa propre vacuité, des tics de mise en scène agaçants (des flashs incessants…) et une esthétique qui nuit grandement à la crédibilité du film (filtres de tous les côtés…).
Bref, sous couvert de revendiquer son manque de budget (le film a bénéficié d’une campagne de crowfunding pour boucler son budget…) et son côté exploitation, Zombie Hunter est une œuvre insipide, paresseuse et bâclée…
Zombie Hunter de Kevin King, avec Martin Copping, Danny Trejo. Etats-Unis, 2013. Sortie DVD le 5 mars 2014.