Westerns et films noirs

 

Pour penser à autre chose qu’à ce foutu virus, nous avons concocté à votre intention une petite sélection de films noirs et de westerns. Avec comme coup de cœur le viscéral Passeur d’hommes et l’ultra-tendu Midi gare centrale. La Peine du talion et Le Relais de l’Or Maudit, deux westerns majeurs, devraient vous retourner le cerveau. Et n’oubliez pas d’éteindre votre téléphone et BFM !

 

Passeur d’hommes (1979), de Jack Lee Thompson

Passeur d'hommes, de Jack Lee ThompsonLa France occupée par le Troisième Reich, deux résistants demandent à un berger d’escorter le professeur Bergson et sa famille en Espagne, un pays neutre dans une Europe en guerre. Appelé le Basque, celui-ci accepte cette mission particulièrement périlleuse. Périlleuse parce que lui et les fugitifs doivent non seulement franchir les Pyrénées en plein hiver, mais surtout échapper à Von Berkow, un officier SS de la pire espèce, prêt à mettre la région à feu et à sang pour les arrêter…
Passeur d’hommes a mauvaise réputation. Une très injuste mauvaise réputation car Passeur d’hommes est de ces films des années 1970 qui ne s’embarrassent pas des contingences du classique mais assument fièrement leurs outrances. D’abord les outrances d’un Malcolm McDowell (pléonasme) fardé en nazi fou d’Hitler jusqu’au bout du slip (qui rappelle à bien des égards Peter O’Toole dans La Nuit des généraux) qui n’ont rien à envier aux légendaires bougonneries d’un Anthony Quinn une nouvelle fois grimé en berger solitaire façon pâtre grec. Vulgaire pour les uns, absurde couillonnade pour les autres, Passeur d’hommes n’est rien de moins qu’une œuvre « pulp » qui préfigure Inglourious Basterds de Tarantino. Les paysages enneigés des Pyrénées apportent un indéniable supplément d’âme à cette chasse à l’homme bourrée de suspense. Entre deux séances de torture, le dernier quart d’heure est tout simplement tétanisant. Passeur d’hommes ne laisse pas indifférent et ça, c’est une grande qualité.
Disponible en DVD et Blu-ray chez Sidonis Calysta

Midi gare centrale (1950), de Rudolph Maté

Lorna Murchison, dont le père possède une importante fortune, est enlevée par des kidnappeurs qui espèrent obtenir, en échange de la jeune fille aveugle, une importante rançon. Mr Murchison est prêt à obéir aux ordres des ravisseurs mais la police découvre le drame. La gare centrale est dès lors sous une constante surveillance…
Midi gare centrale est un thriller noir qui va à mille à l’heure. Sa durée, resserrée à 81 minutes, ne laisse aucune place aux fioritures ou aux longues plages de réflexion. Une vie est en jeu, il faut aller au plus vite. Le cinéaste et très grand technicien Rudolph Maté se sert des bâtiments de la grande ville (et notamment d’une gare, lieu des plus familiers) comme autant d’éléments nourrissant le danger. En effet, l’environnement urbain semble perpétuellement vivant, voire organique, tant la photo, les cadres et la lumière servent le déroulement de l’intrigue. Aux côtés de William Holden et Nancy Olson, Lyle Bettger interprète l’un des plus grands salauds de l’histoire du cinéma. Très recommandé.
Disponible en DVD et Blu-ray chez Sidonis Calysta

Violence au Kansas (1959), de Melvin Frank

Marqué au fer rouge par la guerre contre le Mexique, Cam Bleeker s’évade de prison pour rejoindre la ferme où l’attendrait sa femme. Quand il y parvient, sérieusement blessé, il découvre que celle-ci est morte, et que les lieux sont désormais habités par une jeune veuve et ses deux enfants. Si Sam entreprend de s’établir auprès d’eux, les autorités le rattrapent. Contre sa liberté, le gouverneur lui propose un marché : capturer le hors-la-loi Luke Darcy…
Ce western méconnu mérite d’être redécouvert. Non parce qu’il s’agit d’un chef-d’œuvre du genre mais parce que le grand Jeff Chandler (vu dans La Flèche brisée) bouffe l’écran à chacune de ses apparitions. Quel charisme ! On plonge dans un Kansas en proie au désordre où hommes, femmes et enfants ne sont rien d’autre que les victimes collatérales des grandes huiles essentielles qui ne pensent qu’au fric et à leurs intérêts (politiques, donc !). Violence au Kansas nous fait penser qu’en 150 ans d’histoire rien n’a véritablement changé.
Disponible en DVD chez Sidonis Calysta

Californie en flammes (1952), de Lew Landers

Les années 1840. Si la Californie vit toujours sous domination mexicaine, Don Arturo Bordega et ses partisans se battent pour qu’elle intègre la jeune fédération des États-Unis. D’autres puissances étrangères manœuvrent aussi pour se l’accaparer, en particulier la Russie qui, pour déstabiliser la région, s’appuie sur la rapacité de bandes armées…
Alors celui-là, les aficionados du genre l’attendaient depuis longtemps. Visez un peu ; un pan obscur de la grande histoire de l’Amérique dévoilé. La fameuse période où la Russie convoitaient les terres vierges de l’Amérique de l’Ouest. Des Rouges chez les Peaux Rouges ! Si la rareté ne fait pas la qualité, on peut autant apprécier Californie en flammes comme la curiosité qu’il est que pour les nombreux genres qu’ils brassent. Le plus souvent, on ne sait pas trop si l’on a affaire à un western ou un film de cape et d’épée. La Mexican « Zorro » Touch est très présente. Une évidence, il ne faut pas trop se monter le bourrichon car le traitement du sujet n’est pas des plus pertinents. On a vu mieux. Reste le charme suranné d’un film qui refait surface après avoir été remisé dans les placards durant des décennies.
Disponible en DVD et combo DVD/blu-ray chez Sidonis Calysta

 

SPECIAL GLENN FORD

La Peine du talion (1948), de Henry Levin

La Peine du talion, de Henry LevinMalgré le drapeau blanc que hisse un détachement sudiste en signe de capitulation, le colonel Devereaux ordonne à ses hommes de faire feu. Un massacre. Si son second, le capitaine Del Stewart, garde le silence sur ce crime de guerre, il le fait uniquement par amitié. Quand, la paix revenue, les deux hommes se retrouvent, Devereaux exerce d’une main de fer la fonction de juge. Nommé shérif, Stewart se rend à l’évidence que celui-ci sombre peu à peu dans la folie et qu’il couvre les méfaits de Carter, l’homme le plus influent de la région…
Voici le western puissant par excellence qui raconte la folie d’un homme et son inexorable chute. Cet officier, fou de guerre, ce juge, avide de justice expéditive, suscite autant le dégoût que l’admiration. Et c’est ce sentiment trouble qui nous étreint qui donne au film sa valeur et sa singularité. La Peine du talion, c’est l’histoire du manichéisme pour les nuls dans le Grand Ouest. Autant dire que l’affaire n’est pas aussi simple que prévue, et que ce foutu manichéisme peut être jeté aux orties. Dans le Grand Ouest, où se situe la frontière entre le Bien et le Mal ? Hein ? Je vous le demande. Le grand Henry Levin réalise un western complexe porté par deux magnifiques interprètes, Glenn Ford et William Holden.
Disponible en DVD et combo DVD/blu-ray chez Sidonis Calysta

Traquée (1947), de Richard Wallace

Stephen Prince, qui est banquier, et sa maîtresse Paula Craig décident de partir en emportant 250 000 dollars. Voulant faire croire à la disparition de Stephen, ils jettent leur dévolu sur Mike Lambert, qu’ils décident de tuer pour faire passer son corps pour celui de Stephen…
Ce petit film noir à Papa ne manque pas de charme. Glenn Ford et Janis Carter évoluent au cœur d’une trame machiavélique. Efficace.
Disponible en DVD chez Sidonis Calysta

Le Relais de l’Or Maudit (1952), de Roy Huggins

Commandés par le major Matt Stewart, des soldats sudistes attaquent un convoi nordiste transportant de l’or. Si une de leurs victimes leur apprend que la guerre est terminée depuis un mois, il est désormais trop tard. Désormais considérés comme des bandits, ils se rendent à l’évidence qu’ils ont été manipulés par leur officier supérieur. En gardant le butin pour eux, ils deviennent à leur tour des proies, prises en chasse par tous les hors-la-loi de l’État, ainsi que par les représentants de la loi…
Le Relais de l’Or Maudit est un très grand western. Forcément, quand un scénariste de renom (Roy Huggins) déploie tout son talent au poste de réalisateur, il y a fort à parier que le résultat final soit à la hauteur des enjeux. Et ça l’est ! Le film propose une articulation de chapitres maîtrisés de bout en bout qui tendent à préparer un final haut en couleur. En premier lieu, nous vivons une succession de morceaux de bravoure qui posent le ton pour se conclure sur un huis clos tendu où toutes les certitudes que nous avions sur les personnages s’évanouissent en un claquement de colt. Le Relais de l’Or Maudit ne cesse de nous interroger sur les affres de la nature humaine. C’est du grand art ! Évidemment, si le cast aux petits oignons y est pour beaucoup (Randolph Scott et Lee Marvin en tête) dans la sublimation du scénario et la mise en scène de Huggins, le prestige de l’équipe technique avec Yakima Canutt (le plus grand coordinateur/cascadeur de Hollywood) et Charles Lawton Jr (chef opérateur de 3h10 pour Yuma) achève d’inscrire Le Relais de l’Or Maudit dans le panthéon du western.
Disponible en DVD et en blu-ray chez Sidonis Calysta