La malle aux merveilles d’Artus Films

 

Le coffret Voyages vers la lune d'Artus FilmsArtus films nous ouvre sa malle aux merveilles où brillent mille chefs-d’œuvre, scintillent les joyaux animés en myriades et myriades de rêveries. Gloire à eux au plus haut des cieux !
Qu’est-ce que j’écris bien ! Encore un petit effort, deux ou trois ateliers d’écriture puis je couche sur papier toilette triple épaisseur cette histoire d’amour qui me démange tant. Je suis sûr que le rôle de l’équarisseur violeur de poules déjà bien dessiné dans ma tête ira comme un gant à Patrick Bruel. Cécile de France toutes dents dehors endossera les oripeaux d’une prostituée impliquée dans une sale affaire de manteau emprunté et rendu taché. Une évidence car un indéfectible amour naît entre les deux marginaux. Ils volent un tandem et partent à la recherche du jumeau de Francis Heaulme. Je n’en dis pas plus.
Avant d’intégrer le catalogue Artus Films, en voici un petit best of : La Sorcière sanglante, Les Gardiennes du pénitencier, Elsa Fraulein SS, Train spécial pour Hitler, Des filles pour un vampire, Climax, Helga la louve de Stilberg, Le Renne blanc
Côté nouveautés, allons-y gaiement.

Coffret Voyages vers la Lune

De la Terre à la Lune, de Byron HaskinDe la Terre à la Lune réalisé par Byron Haskin avec Joseph Cotten, George Sanders, Debra Paget…
Inventeur et industriel s’étant enrichi avec la guerre de Sécession, Barbicane (Joseph Cotten) fabrique des obus réputés invulnérables. Son rival, Nicholl (George Sanders) le défie alors de concevoir une fusée capable de les emmener sur la Lune.
Robert Blees et James Leicester synthétisent deux romans de Jules Verne, De la Terre à la Lune et Autour de la Lune et, grosse surprise, réussissent le challenge de proposer un véritable plaidoyer contre les dérives de la recherche scientifique sans omettre d’y inscrire le délicat chapitre sur la course aux armes de destruction massive. Sous des intentions bien avisées de pur divertissement, leur scénario impose le respect.
Dans mes souvenirs, le film restait fidèle à l’imagerie steampunk (mélange de design industriel et d’architecture Belle Epoque, la garantie du 100 % pur Verne), je confirme qu’il n’y a pas tromperie sur la marchandise. Si De la Terre à la Lune version Haskin tire davantage son sujet vers l’œuvre à caractère politique, le souffle de l’aventure n’est pas pour autant réduit à une part congrue. Une jolie surprise qui n’a rien perdu de son charme, même si le côté vieillot prête parfois à sourire.


 

Project MoonbaseProject Moonbase réalisé par Richard Talmadge avec Donna Martell, Hayden Rorke…
Les Etats-Unis décident d’implanter des colonies sur la Lune. Une équipe militaire commandée par la charmante colonel Briteis (Donna Martell) est envoyée en orbite autour de l’astre pour repérer des terrains d’atterrissage. Mais l’un des membres se révèle être un espion russe devant faire échouer la mission.
Project Moonbase inscrit le futur dans les années 1970. C’est assez drôle de voir à quel point les spécialistes de la prospective ont foiré leurs modèles dans les grandes largeurs ; nous terminons l’année 2012 et ma voiture ne vole toujours pas à la pile nucléaire mais crache du 95 à presque 2 euros le litre. Dans les années 1970 les Français paradaient en Renault 12 break tandis que les Américains se traînaient dans de poussives Dodge aux intérieurs rococo. La route est un long ruban qui défile qui défile.
Project Moonbase sent le film fauché mais passionné. En pleine conquête des airs et de l’espace (le film date de 1953), la production a osé confier le manche de la navette à une Colonel, la resplendissante Donna Martell ; de la pure science-fiction pour une Amérique machiste jusqu’au trognon. Oui, car il en faut peu pour que la parité soit mise à mal. On ne se refait pas. Une femme aux commandes ? Qui plus est resplendissante ? Non mais quelle blague !
Le complot qui vise à l’échec de la mission d’implantation des colonies tient la route, si je puis dire. Cette petite série B en mode thriller d’anticipation dispose de quelques séquences bien troussées.
 

Mutiny in Outer Space, de Hugo GrimaldiMutiny in Outer Space réalisé par Hugo Grimaldi avec William Leslie, Dolores Faith, Pamela Curran…
Une équipe d’astronautes rentre dans sa station orbitale, après une expédition sur la Lune. Certains ramènent avec eux un virus qui décime petit à petit les membres de la mission. Le virus cherche à contrôler la station pour aller conquérir la Terre.
Dans l’espace, personne ne vous entendra crier. Mutiny in Outer Space a fait sa réputation sur le fameux virus qui, s’il vous pénètre, vous couvre de poils du front jusqu’aux doigts de pied. Infecté, le malade se transforme en une vieille banane pourrie. Si impressionnant que vous pensez dans l’instant à descendre vos poubelles.
Mutiny in Outer Space fleure bon le cinéma de quartier (fauché mais passionné !). Référence ultime, la station orbitale ressemble de l’extérieur aux moules à gâteaux de nos grands-mères. Souvenez-vous, les tout gris qui collaient bien au fond même après l’étalage de deux plaquettes de beurre.
Suspense, complot, peur, poils, espace, moule, virus, peur, couloirs, manettes, boutons, poils, peur, virus… Si avec tout ça, je ne vous donne pas envie.
 

Missile to the MoonMissile to the Moon réalisé par Richard E. Cunha avec Richard Travis, Cathy Downs…
Le gouvernement annulant son projet d’expédition spatiale et voulant même réquisitionner sa fusée, le savant Dirk Green décide de s’envoler vers la Lune. Avec, à son bord, ses collaborateurs, ainsi que deux voyous en fuite, la fusée arrive à destination. Sur place, les Terriens vont devoir affronter monstres et araignées géantes, avant de rencontrer les charmantes Sélénites.
Attention film culte.
Paragraphe spécial intitulé « comme dans les films précédents » :
- les astronautes (qu’ils soient aguerris, invités, intrus, chiens, femmes de ménage) examinent d’un œil circonspect la planche de bord comme s’ils la découvraient pour la première fois avant de s’assurer du bon fonctionnement des boutons et des manettes.
- les astronautes plissent les yeux et serrent les fesses sous la poussée des moteurs que déjà les voilà tout près de la mer de la Tranquillité.
- les astronautes testent la solidité des lits de camp (un bon matelas, de bons ressorts) car le voyage sera long et périlleux.
- les astronautes revêtent leurs combinaisons de sortie volées aux pompiers du studio de tournage.
Comme les films précédents, Missile to the Moon joue du danger des fulgurants progrès de la science mais mieux que les films précédents, il y a les Sélénites, toutes plus vénéneuses les unes que les autres. La matriarche attendait avec impatience le retour de la navette. Mystère.
Le farfelu pimente Missile to the Moon. Farfelu, farfelu, farfelu, quel joli mot.
Bref, Voyages vers la Lune est un coffret très recommandé.


 

Collection les chefs-d’œuvre du gothique

L'Effroyable Secret du docteur HichcockL’Effroyable Secret du docteur Hichcock réalisé par Riccardo Freda avec Barbara Steele, Robert Flemyng, Silvano Tranquilli, Harriet Medin…
Ayant mis au point un puissant anesthésique, le Dr Hichcock l’utilise sur son épouse, Margherita, pour assouvir sa déviance sexuelle : la nécrophilie. Un jour, une surdose accidentelle entraîne la mort de la jeune femme. Le Dr Hichcock quitte alors sa résidence à Londres. Il y revient quelques années plus tard, en compagnie de sa nouvelle épouse, Cynthia (Barbara Steele). Mais, dès la première nuit, la belle subit une apparition fantomatique et menaçante, drapée dans son suaire blanc…
En 1962, Riccardo Freda signait pour les amateurs de frissons un impérissable chef-d’œuvre librement inspiré de Rebecca, roman de Daphné Du Maurier. Un an plus tard, Freda récidivait avec Le Spectre du professeur Hichcock, une faute suite encore plus terrifiante (également disponible chez Artus films).
L’Effroyable Secret du professeur Hichcock vous happe pour ne plus vous lâcher. Une sorte de géniale alchimie s’opère entre tous les éléments. J’éprouve une certaine difficulté à exprimer mon plaisir. Dans la mise en scène, l’interprétation, la musique, les décors, la magie du cinéma se révèle. L’Effroyable Secret du professeur Hichcock se déguste et l’on y revient, encore plus gourmand. C’est aussi simple que cela.


 

Vierges pour le bourreauVierges pour le bourreau réalisé par Massimo Pupillo avec Walter Brandi, Mickey Hargitay, Luisa Baratto, Rita Klein…
Daniel Parks, un éditeur de romans-photos, organise des séances photo dans un vieux château, pour les illustrations des couvertures de ses prochaines publications. Ce qu’il ignore, c’est qu’autrefois, ce lieu a été le théâtre de la mort sanglante de l’exécuteur public, le bourreau rouge. Et l’on dit que souvent, la nuit, le bourreau rouge vient hanter les murs du château.
A l’apogée de sa carrière, le bourreau rouge tranchait, écartelait, éventrait, brûlait toute la sainte journée parce qu’il avait l’accord de l’Eglise et pour autant que la justice considérait elle aussi la torture comme une joyeuse pochade, l’accord des tribunaux civils. Mais c’était il y a très longtemps.
Comme je raconte n’importe quoi, inutile de vérifier sur Wikipédia.
Au fil des siècles, les métiers manuels ont perdu de leur valeur au profit d’occupations plus intellectuelles mais ô combien plus élitistes jusqu’à devenir une véritable filière poubelle refuge de jeunes incapables de résoudre les équations du second degré. Nous allions fabriquer des tortionnaires au rabais. Le début de la fin.
Comme je raconte n’importe quoi, inutile de vérifier sur Wikipédia.
Alors voilà, le métier de bourreau fut l’un des premiers à pâtir de ce déficit de considération où l’exécution, devenant de plus en plus cérébrale, abandonnait savoir-faire et techniques ancestrales pour s’orienter vers des principes humanistes tout à fait déplacés et hors de propos. A ce bouleversement des mentalités, nous perdions à tout jamais tout un tas de corps de métier, du fabricant d’outils à arracher les membres aux ramasseurs de téton, sans manquer de rappeler à nos mémoires l’historique suppression des subventions royales à la confrérie des émasculeurs du Poitou, sujet s’il en est encore tabou dans la région.
Comme je raconte n’importe quoi, inutile de vérifier sur Wikipédia.
Vierges pour le bourreau revient sur le retour inattendu du bourreau rouge à notre époque. Plutôt bien bâti, l’homme apprécie les jeunes demoiselles bien en chair. Il ne lui en faut pas plus pour retrouver dextérité et joie de vivre. Inutile de vous recommander ce bijou du genre.


 

L’Orgie des vampires réalisé par Renato Polselli avec Marco Mariani, Giuseppe Addobbati, Barbara Howard, Carla Cavalli…
Une troupe de danseuses investit un vieux théâtre abandonné pour les besoins des répétitions. Malgré les avertissements répétés du gardien des lieux, le directeur décide d’y rester. D’étranges phénomènes vont faire surgir la vieille malédiction qui plane sur le théâtre.
L’Orgie des vampires ne casse pas des briques, un peu lent, un peu long. Encore du cinéma d’antan bourré de charme et de passion.


 

Et des surprises pour finir

Tempête sous la merTempête sous la mer réalisé par Robert D. Webb avec Robert Wagner, Gilbert Roland, Terry Moore…
Mike Petrakis et son fils, Tony, américains d’origine grecque, gagnent leur vie en pêchant des éponges sur les côtes de Floride. La rivalité avec les Rhys, une autre famille de pêcheurs, de souche américaine, s’accroît de jour en jour, et de plus en plus violemment. C’en est trop quand Tony rencontre Gwyneth, la fille Rhys, et qu’ils tombent amoureux l’un de l’autre.
Le titre trompe le chaland. Tempête sous la mer s’empare avant tout de la question de la rude concurrence que se sont portée les pêcheurs d’éponges entre la Floride et le Mexique avant et après la Seconde Guerre mondiale. Si vous êtes friands de combats contre les éléments, passez votre chemin. Si vous fondez devant les histoires à la Roméo et Juliette, n’hésitez pas.
La copie d’Artus films n’est pas de très bonne qualité, il faut le reconnaître. Dommage car le format cinémascope y est particulièrement chiadé. Toutefois, en attendant mieux, redécouvrir en l’état Tempête sous la mer n’est pas du temps perdu.
Le film étonne par ses approches sérieuses et perspicaces du métier de marin. Robert D. Webb ne tombe pas dans le panneau des morceaux de bravoure à la chaîne ; trop facile de magnifier les forçats de la mer sans évoquer l’affrontement des communautés responsables en tout point de la douteuse régulation du marché. Approche psychologique, analyse économique et sociale, Tempête sous la mer ne laisse pas le spectateur dans la position du consommateur lambda. Le dernier tiers résonne comme une œuvre militante. Surprenant sur le fond (glouglou ?) comme sur la forme.
Interprétation, mise en scène, dialogues, tout est royal. L’image très moyenne. Anecdote : le film était en compétition au Festival de Cannes 1954. Robert Wagner est méconnaissable.


 

Chacun pour soi, de Giorgio CapitaniChacun pour soi réalisé par Giorgio Capitani avec Van Heflin, Klaus Kinski, George Hilton, Gilbert Roland…
Après de nombreuses années de recherche, le prospecteur Sam Cooper (Van Heflin) découvre enfin un filon d’or. Pour l’exploitation difficile, il demande l’aide de Manolo (George Hilton), son fils adoptif. Celui-ci rejoint Sam, et cherche à imposer le Blond (Klaus Kinski). Sam sollicite alors la venue de Mason, un vieil ami à lui. Les quatre hommes se lancent dans l’expédition. Entre rivalité et convoitise, tous ne reviendront pas vivants.
Si depuis quelques années j’enquille les westerns à la vitesse d’un cheval au galop, je ne m’attendais pas à trouver dans Chacun pour soi une aussi puissante âpreté autour d’ambiances crépusculaires à tendance craspec. Etonnement, stupéfaction, émoi. Chez le critique bien instruit le western qui a du corps s’apprécie comme âpre et crépusculaire et mieux encore si les héros manquent d’hygiène. La barbe hirsute, le teint hâlé, Van Heflin en impose en meneur d’hommes flanqué d’acolytes patibulaires à qui on ne donnerait pas (mais alors pas du tout !) le Bon Dieu sans confession.
Giorgio Capitani, plus habitué aux comédies dramatiques et aux productions télévisuelles, nous sort (on se demande encore comment) un de ces objets filmiques non identifiés que l’on rencontre une fois tous les dix ans. Le scénario ne lâche jamais l’affaire quant au traitement des personnages aussi vilains à l’intérieur qu’à l’extérieur.
Dans Chacun pour soi, les cow-boys ne traversent pas de bucoliques paysages au service des barons de la prairie ni leurs chevaux ne foulent les jolies fleurs des champs. Le soleil écrase, le relief use jusqu’à la corde. L’environnement hostile participe au climat de terreur. Un grand western italien loin des clichés inhérents au genre.