Toutes nos envies, de Philippe Lioret

 

Préparez vos mouchoirs

 
Affiche de Toutes nos envies de Philippe LioretL’injustice, la résignation, puis l’envie qui revient. Lioret filme l’étincelle, celle qui met le feu aux poudres, celle qu’on cherche, celle que certains ont. Simplement, avec pudeur et sincérité. Et on pleure. Encore.

A chaque fois. Au moins depuis Mademoiselle. A chaque fois que les lumières se rallument après un film de Lioret, j’ai la tête de Meg Ryan réalisant qu’elle aura 40 ans un jour (ici). Toutes nos envies ne manque pas à la règle. Il faut dire que ce coup-ci, il a mis le paquet. Elle est jeune, elle est juge, elle est intègre, elle est passionnée. Et elle va mourir quand même. C’est injuste, hein. Pourtant, cette injustice-là, elle ne la combat pas. Alors qu’elle joue les Don Quichotte pour sauver une mère surendettée, elle est résignée face à cette cause perdue. La résignation, c’est ça le sujet de Toutes nos envies, comme c’était celui de Welcome. Et dans le rôle du vieux briscard qui n’y croit plus, le même Vincent Lindon, qui s’en sort définitivement mieux dans le rôle plus ou moins politique que coincé dans une cabine dans L’Etudiante ().

Dit comme ça, je vous vois venir, vous imaginez déjà les violons et le pathos suintant. Mais la force de Philippe Lioret est de produire les mêmes effets sans s’embarrasser de ces artifices. Il expliquait déjà lors de la promo de Welcome qu’on ne s’engage qu’en résonance avec une histoire personnelle. Alors il réalise des films forts à hauteur d’hommes et raconte des histoires qui réveillent ses personnages du ronron quotidien. L’excitation sur le visage de Vincent Lindon quand il recommence à croire à son rôle de juge. L’émotion d’une femme à qui on tend enfin la main. La joie des petites victoires aussi fortes que les grandes. C’est tout cela que montre Toutes nos envies. Simplement, en s’approchant du regard de ses acteurs (tous brillants), de leurs émotions, de leurs sourires, et oui, parce qu’il faut bien passer par là, de leurs larmes. Avec autant de pudeur que celle dont font preuve ses personnages.

Parce qu’il ne s’agit pas seulement d’engagement, de surendettement et de pinailleries (réjouissantes) sur la taille de police des caractères des dossiers de crédits revolving. La solitude partagée du secret et du combat impossible rapproche les deux juges, Claire et Stéphane. Une amitié, amoureuse sans doute. Qu’importe. Un lien, une complicité, et un soutien évidents, flagrants, touchants. Mais Lioret ne tombe pas dans une banale histoire d’adultère. Il ne met pas de mots sur cette relation, d’autant plus forte qu’elle reste latente, inexorable et impossible. Avec rien, il dit tout. Et rien, c’est bien mieux que tout, chantait Gainsbourg.

Toutes nos envies de Philippe Lioret, avec Vincent Lindon, Marie Gillain, Amandine Dewasmes, Yannick Renier… France, 2011. Sortie le 9 novembre 2011.

Mots-clés : , ,