The We and the I, de Michel Gondry

 

Affiche de The We And The I de Michel Gondry1h40 enfermé dans un bus avec des ados du Bronx, l’angoisse ! C’est le dernier jour d’école et le premier de trois mois de liberté. Ils vont tous rentrer chez eux, mais non sans y avoir laissé quelques plumes et une belle part d’eux-mêmes. Le groupe des caïds tyrannise tous les autres passagers. Les premières scènes sont souvent drôles quand ils font leur show pour récupérer les places du fond, virant tout le monde, les plus petits qu’eux manu militari, et même une pauvre vieille dame à coups de blagues salaces. Ils se charrient, se passent en boucle la vidéo du mec qui chute sur un sol préalablement beurré. Ils se marrent. Se moquent souvent méchamment. L’émotion affleure quand ils évoquent les difficiles relations amoureuses, au centre de leurs préoccupations. Surtout lorsque, au fur et à mesure que le bus se vide, les relations deviennent plus authentiques, moins dictées par les codes de la jeunesse. Quand les masques tombent à la fin et qu’ils essaient de communiquer simplement.
En mettant sa folle créativité au service d’une comédie dramatique sociale, Gondry livre un film original et touchant sur l’adolescence. Parfois à la frontière de la chronique réaliste. Les acteurs, de vrais jeunes du Bronx découverts dans des ateliers-théâtre, sont criants de vérité. Leurs personnages portent d’ailleurs leurs propres prénoms. Et certains flash-back sont donnés à voir par le biais de vidéos amateurs filmées avec les téléphones portables des jeunes.
Un film sur le cinéma aussi. Quelques clins d’œil amusés du réalisateur, comme pour dire que sous ses airs de docu, la fiction est toujours là. On reconnaît la patte Gondry dans quelques petits bricolages et collages maison. La division en chapitres (“Les tyrans”, “Le chaos”, “Le je”) est aussi là pour nous rappeler que ceci est un film.
Mais le tour de force de Michel Gondry est de réussir à nous rendre tous ces ados sympathiques et attachants alors que nous ne connaissons quasiment rien de leur vie. Tout ce que nous savons est véhiculé par le dialogue. Et ça parle, beaucoup. Tout dans ce huis clos passe par la parole. Mais c’est justement dans ces joutes verbales, souvent violentes, parfois tendres, que l’on saisit finalement au mieux l’essence de l’adolescence.

 
The We and the I de Michel Gondry, avec Michael Brodie, Teresa Lynn, Laidychen Carrasco, Raymond Delgado, Alex Barrios, Jonathan Ortiz… Etats-Unis, 2012. Film d’ouverture de la Quinzaine des réalisateurs 2012. Sortie le 12 septembre 2012.

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