A perdre la raison, de Joachim Lafosse

 

En sélection Un Certain Regard au 65e Festival de Cannes

A perdre la raison de Joachim LafosseJoachim Lafosse est belge. C’est un peu le cinéaste de la troisième voie. Ni frère Dardenne, ni Benoît Poelvoorde. Doué et prolifique, avec ses quatre précédents films (Folie privée, Ca rend heureux, Nue propriété, Elève libre), il a déjà essaimé les festivals de Locarno, Venise, et Cannes, déjà, à la Quinzaine des réalisateurs. Il ne joue pas dans la cour du réalisme dur, âpre et, avouons-le, souvent glauque. Ne goûte pas non plus la bonne blague et l’absurde. Mais quelque part entre les deux, il s’intéresse aux limites, celles que l’on se fixe, celles que l’on dépasse, et celles qu’on transgresse, plutôt à tort qu’à raison. En résulte un cinéma trouble et fascinant, qui décortique les complexes liens de la famille.

A perdre la raison lance Joachim Lafosse dans la lignée de Jacques Audiard : un titre pris d’un extrait de chanson, comme De battre mon cœur s’est arrêté ; et le duo reformé de Niels Arestrup et Tahar Rahim, après Un prophète. On lui souhaite le même destin. Il s’inspire ici d’un fait divers qui a remué la Belgique en 2007, celui d’un quintuple infanticide. Et sent déjà le parfum de scandale, l’ex-mari de la mère meurtrière s’étant opposé au projet, criant à la récupération mercantile. On a du mal à croire que ce soient les intentions de Joachim Lafosse, qui semble filmer une détresse croissante, une perte des sens, jusqu’au-delà des limites.