La Traque, de Philippe Lefebvre

 

La Traque, de Philippe LefebvreAvant le film d’Olivier Marchal avec Gérard Lanvin, la télévision française revenait en 1980 sur l’un des plus grands faits divers de son histoire, le gang des Lyonnais. Un téléfilm qui sent bon la France.

Dans les années 1970, des truands composent une équipe de braqueurs qui défie la police française. Constitué d’une dizaine de personnes, le groupe va perpétrer une suite de hold-up audacieux. On les appellera « le gang des Lyonnais ». Après un premier braquage à Lille, la police judiciaire enquête sur le gang. Commence alors une longue traque, qui la fera plonger dans un monde de combines et d’argent entre truands, notables ou financiers véreux…

Un téléfilm d’Antenne 2 tourné en 4 parties où le grand Bruno Cremer s’échine la couenne à débusquer une bande de malandrins, voilà de quoi rugir de plaisir. Même s’il n’incarne pas encore le commissaire Maigret, l’acteur impose déjà sa figure de meneur d’hommes. Ici, le commissaire Chenu, la clope au bec, le verbe haut, le visage émacié, l’imper de rigueur, impose sa force et son flegme. Quand son pas lourd écrase le parquet de la Crim’, son équipe n’en mène pas large.
La Traque raconte l’incroyable bordel vécu par les services de police français pour choper « le gang des Lyonnais ». Au cours des années 1970, les bandits, insaisissables anguilles, frappaient n’importe où et n’importe quand. Lille, Lyon, Paris ou le centre de la France, pas un bureau de poste, pas une banque ne pouvaient se targuer d’être à l’abri. On nous laisse penser que rien n’était laissé au hasard pour rendre fous les flics sur le terrain.
Ce téléfilm vintage qui dégage un charme suranné tout à fait délectable se découpe en quatre parties. Modus Operandi, L’Association, La Surveillance et Le Démantèlement. Une progression classique. L’utilisation des codes du polar seventies à la française vous rappellera une tonne de souvenirs. Attention qu’ils ne vous sautent pas à la figure ! En effet, entre les multiples planques dans la Poire Renault où les sous-fifres se gèlent les miches, l’espionnage de l’ennemi aux jumelles géantes, les réunions enfumées autour d’un triple whisky et les savoureux braquages en 4L fourgonnette, il y a de quoi vous donner l’envie de vous laisser pousser la moustache.
Et quid de la traque ? Eh bien la traque ne nourrit pas l’intrigue. Il faut savoir que les forces de police et le gang ont mis si longtemps à se connecter après s’être reniflés pendant des années, qu’il est davantage question dans le scénario de « feu vert et d’autorisation » entre les différents pouvoirs régaliens pour coincer les Lyonnais car, à l’époque, le ministère de la Justice et le ministère de l’Intérieur se tiraient joyeusement la bourre.
Ce téléfilm passionnant m’a redonné l’envie de fumer des gitanes sans filtre, boire un Duval bien frais et croquer ces cacahuètes grasses et salées.

La Traque de Philippe Lefebvre, avec Bruno Cremer, Albert Dray, Gérard Lanvin, Hélène Vincent, Jean-Pierre Castaldi, Jean Benguigui, François Perrot… France, 1980.