Infancia clandestina, de Benjamin Avila

 

Infancia clandestina, de Benjamin AvilaJuan, ou plutôt «Ernesto», a 12 ans. Après des années d’exil, il revient avec sa famille (et un autre prénom) en Argentine. Ses parents sont des membres très actifs de l’organisation Montoneros, en lutte contre la junte militaire au pouvoir dans les années 1970. Cette histoire, c’est l’histoire du réalisateur, celle de sa catharsis. Lui aussi a vécu une enfance clandestine et a perdu des êtres chers dans ce combat pour la liberté. Sans être une stricte autobiographie, l’émotion est intacte. Un sujet fort et personnel puisque Benjamin Avila avait déjà réalisé en 2004 un long-métrage documentaire, Nietos, sur les enfants des «Disparus», volés par les familles de militaires pendant la dictature. Une blessure ouverte dans laquelle il embarque son spectateur. Notamment par le biais d’images dessinées qu’il dit ne pas avoir insérées pour mettre à distance l’émotion mais au contraire pour l’exacerber.

Des larmes, donc, mais aussi des rires et des sourires dans ce film qui déroule un quotidien très tendre, malgré la violence omniprésente. Beaucoup d’amour dans cette famille si atypique. Même entre les parents qui ont plutôt épousé la cause militante. La relation de Juan à son oncle Beto, ce personnage impulsif mais doux, est bouleversante. Et puis il y a cette jolie histoire avec sa camarade d’école, Maria, dont il tombe amoureux et pour laquelle il est prêt à quitter sa famille, lui qui est si habitué à tout plaquer du jour au lendemain.

Un film à hauteur d’enfant qui revisite cet épisode douloureux de l’histoire argentine. Comment vivre, aimer, jouer, se réjouir… quand la peur est là, à chaque instant ? Quand il faut mentir tous les jours et partir, tout recommencer au moindre danger ? Mais, à travers le regard pénétrant du petit Ernesto, restent les idées qui, elles, ne meurent jamais.

 
Infancia clandestina de Benjamin Avila, avec Ernesto Alterio, Natalia Oreiro, Cesar Troncoso, Teo Gutierrez Moreno… Argentine, Espagne, Brésil, 2012. Présenté à la Quinzaine des réalisateurs 2012.