I am Divine, de Jeffrey Schwarz

 

I am Divine, de Jeffrey Schwarz[…] c’est l’histoire d’un homme éloigné dans un premier temps par sa famille puis merveilleusement réuni avec elle. C’est aussi la parfaite histoire de la lumière au bout du tunnel, celle d’un enfant grassouillet, persécuté, qui aura finalement le dernier mot sur ses bourreaux.

Cette histoire, c’est celle de Harris Glenn Milstead, plus connu sous le pseudo de Divine. Egérie de John Waters, le roi du trash, icône de la contre-culture, drag-queen mondialement célèbre, Divine a marqué de son incroyable présence des films comme Pink Flamingos et Hairspray. Une présence physique et un talent d’acteur indéniable, une véritable soif d’exister, de s’affirmer que ce documentaire classique de belle facture retranscrit parfaitement.

Car Divine a été acteur, showman, entertainer, bref c’était une bête de scène, une personnalité complexe dont les blessures et les zones d’ombres sont aussi évoquées. Un concentré d’énergie et de volonté dont la détermination force le respect. Et pas juste pour avoir mangé une déjection canine devant la caméra… Scène mythique, elle est évoquée dans le film, expliquée, mais ce n’est qu’une anecdote parmi d’autres. Et c’est là la force de ce film : montrer que l’excentricité seule ne fait pas une carrière. Il ne suffit pas d’un acte transgressif pour devenir une star. Si Divine reste dans les mémoires, c’est par son dévouement totale à son art, à son envie de s’affirmer en tant qu’artiste. Bref, la célébrité, c’est tout un travail. Une évidence peut-être, mais un fait qui à l’ère des Nabilla et autres produits de la télé-réalité prend un sens particulier. Divine possédait un véritable talent, elle avait quelque chose à dire, et son départ prématuré, à l’heure de sa reconnaissance critique et mainstream est remarquablement bien rendu dans le film. Etaler sa médiocrité pour avoir droit à ses célèbres quinze minutes de gloire n’a rien à voir avec l’art, le talent… Des lieux communs que l’on se sent idiot de répéter, mais que la décadence actuelle rend nécessaire.

I am Divine est un portrait touchant, émouvant, d’un artiste passionné qui s’est donné entièrement à des projets auxquels il croyait. Il a certainement misé sur sa truculence et a su profiter de son physique différent, mais toujours dans le but de partager et donner. Quand un film nous rappelle des évidences pareilles qui semblent triviales en nous faisant vibrer pour le personnage c’est qu’il est juste, honnête. En un mot : réussi. A la fin, vous serez convaincu, comme le réalisateur que Divine est la plus belle femme au monde.

 
I am Divine de Jeffrey Schwarz, avec Divine, John Waters, Ricki Lake, Tab Hunter… Etats-Unis, 2013. Sortie le 26 mars 2014.

Mots-clés : , ,