Ils sont beaux, lumineux, élégants, racés. Tous deux se rencontrent sur un bateau de plaisance qui les ramène, lui le play-boy médiatisé, elle, l’ex-chanteuse de cabaret toute de sublimes toilettes vêtue, de Naples à New York. Leur première rencontre est faite d’étincelles, d’une circulation du désir, immédiat, malvenu, pour deux promis dont les fiancés attendent à quai. Le reste du chemin qui les conduit sur la côte, ils le parcourront avec sourire et légèreté. A terre, ce sera une autre histoire.
La seconde version de Elle et lui (que tourne, en couleurs et pour la Fox, Leo McCarey, dix-huit ans après sa version noir et blanc pour la RKO avec Irene Dunne et Charles Boyer) a la grâce des films à l’harmonie constante. Parce que son casting est une évidence : Cary Grant en dandy roublard cueilli par l’amour majuscule y est confondant d’élégance et d’émotion face à Deborah Kerr, sidérante de justesse et d’éclat. Parce qu’on croit à leur amour dès leur première rencontre, que leurs regards, leurs gestes et leurs mouvements s’articulent avec fluidité. Et quand survient le drame, jusqu’à sa résolution sublime, le récit de leur rendez-vous manqué prend des accents déchirants. Elle et lui est une histoire de timing, celle d’une rencontre, d’une promesse déjouée par le hasard, racontée sous une lumière chromée réconfortante. Sa séquence finale, parangon de suspense émotionnel, est l’une des plus belles qui soient : s’y joue le destin des amants dans un chavirant face-à-face fait de retenue, de non-dit, avant la révélation et l’espoir retrouvé. On y pleure toutes les larmes de son corps.
Elle et lui (An Affair to Remember) de Leo McCarey, avec Cary Grant, Deborah Kerr. Etats-Unis, 1957.