Easy Money de Daniel Espinosa

 

Easy MoneyAttention, apparences trompeuses : avec son affiche à la Transporteur et son titre racoleur, Easy Money de Daniel Espinosa présente a priori tous les symptômes du film d’action complaisant où l’on s’attend à mettre son cerveau en veille pour se laisser traîner le long d’un scénario fade et insipide. Pourtant, force est de reconnaître qu’avec ce troisième long métrage adapté du premier tome de la trilogie Stockholm noir signée Jens Lapidus, le jeune réalisateur d’origine chilienne délivre un polar asphyxiant à la mise en scène acérée. Un film de gangsters modernes qui voit s’entrelacer trois destins. Celui de JW, grand blond sans-le-sou au physique de mannequin pour catalogue Ikea qui fricote avec le milieu du crime organisé pour payer son école de commerce et gagner sa place au cœur de la jeunesse dorée. Celui de Jorge, dealer en cavale poursuivi par les flics et la mafia serbe. Et enfin, il y a Mrado, tueur à gages chargé de pister Jorge. Sans favoriser un personnage au détriment des deux autres, Espinosa déballe le désespoir de ces trois paumés qui s’efforcent de dissimuler leurs faiblesses en s’en remettant à leur propre morale. Chacun d’eux jouant tour à tour le rôle du bon, de la brute et du truand. Dans une photographie glaciale et ténébreuse (on pense au réçent Submarino de Thomas Vinterberg), Espinosa révèle les sombres détours d’une capitale suédoise méconnue, au réalisme social violent et sauvage. On est bien loin du “paradis libéral” à l’Etat-providence généreux. Un exercice de style réussi donc par ce jeune cinéaste qui signe là un film au noir profond et à la tension frontale, sans pour autant faire étalage de surplus pyrotechnique.

Easy Money, un film de Daniel Espinosa. Suède, 2010. En salle le 30 mars 2011.

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