Jacky et René parlent de Billy Wilder et d’un drôle de film

 

Nos routards cinéphiles taillent la route depuis des semaines. Entre vidanges et changement des têtes de delco, Jacky et René causent cinéma comme deux bons amis qu’ils sont.

Avanti ! de Billy WilderAvanti ! de Billy Wilder, avec Jack Lemmon, Juliet Mills, Clive Revill, Edward Andrews…

René : Avanti ! mon Jacky !
Jacky : Ah mais toi, jamais tu perds une occasion !!
René : Quoi ? … Eh oui, c’est tout l’avantage d’être spirituel. Dis-moi Jacky, tu ne trouves pas que la route est un long ruban qui défile qui défile ?
Jacky : Oh, en ce moment (soupir) ma vie n’est rien d’autre qu’un long ruban qui défile qui défile….
René : Eh mon gars ! Le ruban qui défile qui défile, c’est dans Les W.C. étaient fermés de l’intérieur !! Tu déprimes ou quoi ?
Jacky : Bon sang, mais c’est bien sûr ! [ndr : autre phrase culte et originale tirée du film de Leconte]
René : Revenons à mes moutons. J’ai revu il y a peu Avanti ! Je flânais dans une grande enseigne quand j’ai vu une réédition toute belle toute neuve. J’ai sauté sur l’occasion et pris le blu-ray. Tant pis pour le calendrier Pirelli.
Jacky : Quel bol ! Pas revu depuis sa sortie ciné mais je me souviens de ces scènes où Jack Lemmon en héritier mal luné se tire la bourre à l’hôtel avec la jolie Juliet Mills qui elle, profite de la vie.
René : Oui, exact ! Quelle mémoire ! Le personnage de Lemmon supporte mal d’apprendre que son père, un industriel cachottier, sort avec la mère du personnage de Juliet Mills.
Jacky : Si je me souviens bien, les deux rapatrient d’Italie les dépouilles de leurs parents amants, morts dans un accident de voiture ?
René : Oui, c’est assez cocasse, on se croirait dans Au théâtre ce soir avec le savoir-faire et le bon goût de Billy Wilder en prime.
Jacky : Chouette film. Avec le soleil de l’Italie et son cortège de fantaisie : les bakchichs, la mafia, les fonctionnaires zélés du dimanche…
René : L’Italie des années 1970 avait ce petit goût de paradis où les commerçants te rendaient la monnaie avec des bonbons.
Jacky : C’est du vécu. Toute une époque !
René : Epique. Le film de Wilder, rythmé, aux dialogues percutants, aux scènes cocasses, retranscrit à merveille cette frénésie et ce bordel à l’italienne.
Jacky : On décharge la remorque et Avanti ! pour Ischia et Capri !
Avanti ! disponible en DVD et blu-ray chez Filmedia.

Quelque part au cœur de notre beau pays, Jacky et René font halte dans l’une de ses auberges qui donne l’envie d’avoir envie. Ils ont décidé d’un commun accord de grignoter pour économiser du fuel. Plateau de saucisses et petit salé aux lentilles feront l’affaire. Fromages et faisselle pour pousser et crème brûlée en douceur du midi.

 
Embrasse-moi, idiot de Billy WilderEmbrasse-moi, idiot de Billy Wilder, avec Dean Martin, Kim Novak, Ray Walston…

René : Elle est quand même bonne !
Jacky : Quoi ? La patronne ? Faut que tu stoppes le boulaouane mon René, ça te vrille les neurones !
René : Pas la patronne, la crème brûlée !
Jacky : René ?
René : Oui ?
Jacky : Embrasse-moi, idiot !
René : Alors tu as vu le DVD mon coquin ! Tu as fouillé dans la boîte à gants ! Voilà, c’était ton cadeau pour fêter ton 5 millioième, millinième, millioninième, merde comment qu’on dit, millionième kilomètres.
Jacky : Heureux je suis, j’aime ce film.
René : Je savais que tu aimerais ce Wilder-là. Tu te souviens de l’histoire ?
Jacky : A peu près. Rappelle-moi.
René : Oui, alors c’est l’histoire d’Orville Spooner et Barney Milsap. Ils habitent à Climax dans le Nevada. L’un donne des leçons de piano, l’autre est garagiste. Tous deux composent des chansons. Comme ça leurs compos ont l’air bien pourries. Un jour Dino, un chanteur de charme sur le retour, cheveux gominés et sourire enjôleur, s’arrête à Climax. Barney sabote sa voiture de façon à lui faire passer la nuit chez Orville, où il pourra écouter leurs compositions. Mais Orville est extrêmement jaloux de sa femme, Zelda, et Dino un grand séducteur. Barney a alors l’idée de faire jouer le rôle de Zelda à Polly, une prostituée locale. Et tout part en sucette.
Jacky : Je me souviens d’un film enlevé qui n’arrête pas une seconde. Le verbe est haut.
René : Tu m’étonnes. Wilder n’a pas d’égal pour ciseler des scènes où les personnages se croisent sans se voir. Ray Walston joue le jaloux teigneux avec conviction et Dean Martin le con prétentieux avec un certain génie, et c’est peu de chose de le dire.
Jacky : Paraît que Kim Novak a payé pendant des années son rôle très osé, pratiquement blacklistée à Hollywood.
René : Tout à fait ! Concernant les rapports humains, le film n’y va pas par quatre chemins. Le plus drôle, c’est le mari jaloux qui s’enfonce dans le mensonge et qui, au lieu de protéger son couple, l’explose en “deux coups fait rire”.
Jacky : Ça c’est de la comédie. De la vraie de vraie. Hâte de revoir ce petit chef-d’œuvre.
René : Allez, Embrasse-moi, idiot.
Embrasse-moi, idiot disponible en DVD chez Filmedia.

Jacky et René remontent la vallée du Rhône. Le bahut couine, souffre comme bête contre le vent. Les essuie-glaces souffrent. Des caisses de côte-rôtie et de morgon bringuebalent à l’arrière. La pluie redouble. De la grêle. René et Jacky n’en mènent pas large.

 
Le Grand Départ vers la Lune, de Don SharpLe Grand Départ vers la Lune de Don Sharp, avec Gert Froebe, Terry Thomas…

Jacky : Sacré nom di diou. On n’est pas rendu mon René. C’est une tempête du diable.
René : Pas de panique, je tiens bon la barre ! Encore un peu de vent au cul et on décolle !
Jacky : Au fait tu as reçu ta galette du Grand Départ vers la Lune ?
René : Tout à fait, je te le passe dès qu’on arrive. Quelle curiosité ! C’est une adaptation très libre du roman De la Terre à la Lune du grand Jules.
Jacky : Et qu’est-ce que ça donne ? J’ai l’impression que ça lorgne du coté d’Un monde fou, fou, fou, fou et de Ces merveilleux fous volants dans leurs drôles de machines.
René : Exact. Ambiance fofolle avec inventeurs foufous. Malheureusement, le film pêche avec son scénario faiblard qui n’est qu’une suite de sketchs plus ou moins drôles. L’ensemble est décousu. C’est d’autant plus dommage que les acteurs ont l’air de se fendre la poire.
Jacky : Encore une fois, ça vaut le coup ou pas ?
René : Si tu aimes les comédies britanniques des années 1960 inspirées de Jules Verne, Rocket to the Moon est fait pour toi. Nous sommes loin du 20 000 lieux sous les mers de Richard Fleisher, de L’Ile mystérieuse de Maurice Tourneur ou du fabuleux Voyage au centre de la Terre d’Henry Levin. Je te dis, c’est une curiosité bancale mais pleine de charme.
Jacky : Vendu….
Le Grand Départ vers la Lune disponible en DVD chez Aventi.

Bon retour les gars. Mollo sur le jaja et soyez prudent.