Les Derniers Jours, d’Alex et David Pastor

 

Les Derniers Jours d'Alex et David PastorDans Les Derniers Jours, les hommes souffrent d’une crise d’agoraphobie aiguë. Inexplicablement. Tous, les uns après les autres, dans le monde entier, refusent de sortir à l’extérieur. D’ailleurs s’ils le font, ils meurent, comme pris d’une panique irrationnelle. Alors autant rester cloîtré chez soi ou à son travail et coloniser métros, égouts et espaces clos, en se livrant une guerre sans merci pour sa propre survie… Après Infectés qui traitait déjà de la fin du monde, mais aux Etats-Unis, les frères Pastor reviennent dans leur Espagne natale et utilisent Barcelone comme terrain de jeux. Ours dans une église, rats qui grouillent, rues désertes, hôpital en feu, cadavres en pagaille, supermarchés devenus châteaux forts à sauvegarder. Le chaos règne dans sa toute-puissance, comme une allégorie de la crise mondiale que nous subissons ces dernières années. Et deux hommes que tout oppose vont devoir faire équipe pour affronter le danger (intérieur et extérieur) afin de retrouver l’un sa femme enceinte, l’autre son père. Dans Les Derniers Jours, il y a un petit goût de Phénomènes de Shyamalan ou de Blindness de Meirelles : un virus apporté par l’air, on ne sait comment, qui joue sur les peurs des humains, jurant leur perte. Hormis quelques flash-back, tout le film se déroule dans une semi-pénombre oppressante, éclairée à la lampe-torche, avec des lumières orangées qui grésillent ou des écrans de téléphones portables devenus obsolètes. Il y a du prévisible, de-ci, de-là. On sait que les deux ennemis (charismatiques Quim Gutiérrez et José Coronado) vont devoir s’entraider et bientôt ne plus pouvoir se passer l’un de l’autre, véritables béquilles de sécurité dans ce monde qui vacille. Il y a quelques effets spéciaux un peu limités, reflétant un léger manque de moyens, mais aussi de superbes scènes esthétiques d’un Barcelone ravagé, dont seuls les animaux enfuis du zoo deviennent les maîtres. Et il y a surtout une fin frustrante qui aurait mérité à elle seule une plus longue exposition : la reconquête par l’homme de ce qu’il a perdu, grâce aux générations futures qui ne connaissent pas la phobie de leurs parents, qui eux, ne savent toujours pas comment affronter le monde extérieur. Une lueur d’espoir dans les ténèbres, tournée comme un conte de fées, après des scènes d’apocalypse au cruel réalisme…

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Les Derniers Jours d’Alex et David Pastor, avec Quim Gutiérrez, José Coronado, Marta Etura. Espagne, 2012. Sortie le 7 août 2013.