Internet, la pollution cachée, de Coline Tison et Laurent Lichtenstein

 

Internet, la pollution cachée, de Coline Tison et Laurent LichtensteinD’après vous, combien de wattheures utilisons-nous quand nous envoyons un mail ? Et combien d’énergie dépensée pour un mail avec une pièce jointe ? Vous ne connaissez pas la réponse ? Eh bien moi non plus ! Mais ça, c’était avant de regarder le film documentaire Internet, la pollution cachée de Coline Tison et Laurent Lichtenstein. Maintenant, croyez-le ou non, je brille en société car je sais tout du sujet. Ou presque.

Un constat implacable s’impose. Nous polluons comme des dingues en utilisant notre messagerie et quand nos destinataires prennent la peine de nous répondre, c’est le double effet Kiss Cool. Pire, plus nos mails sont volumineux, plus ils sollicitent des tas de machines. Des engins plantés juste à coté de chez nous, dont nous ne soupçonnons même pas l’existence, à l’intérieur de bâtiments que l’on croirait réservés aux abattoirs municipaux mais qui renferment ce que l’on appelle des « centres de données » ou « data center ».

Kesako, un centre de données ou data center ? Je me permets d’utiliser quelques wattheures pour trouver la réponse sur Wikipédia qui, à n’en pas douter, utilise un centre de données pour stocker ses données.

Un centre de données (data center en anglais) est un site physique sur lequel se trouvent regroupés des équipements constituants du système d’information de l’entreprise (ordinateurs centraux, serveurs, baies de stockage, équipements réseaux et de télécommunications, etc.). Il peut être interne et/ou externe à l’entreprise, exploité ou non avec le soutien de prestataires. C’est un service généralement utilisé pour remplir une mission critique relative à l’informatique et à la télématique. Il comprend en général un contrôle sur l’environnement (climatisation, système de prévention contre l’incendie, etc.), une alimentation d’urgence et redondante, ainsi qu’une sécurité physique élevée.

Des enjeux environnementaux sont liés à la consommation d’électricité des centres de données, et à leur coproduit qu’est la chaleur, dissipée par les serveurs et les systèmes de stockage en particulier.

Internet, la pollution cachée, de Coline Tison et Laurent Lichtenstein

Si un centre de données gère à grande échelle les flux et reflux numériques, il stocke aussi, comme son nom l’indique, nos données qui il y a dix ans à peine ne nous étaient d’aucune utilité. Aujourd’hui, nous accumulons l’impalpable sur des « clouds ». Par exemple, les 3000 photos de l’anniversaire de tata Suzanne iront sur un cloud, un espace de stockage virtuel. Le disque dur externe est devenu has been. L’ironie en moins, les centres de données permettent aux professionnels indépendants et aux sociétés de sauvegarder des informations nécessaires à leur survie.

Le documentaire nous précise que toutes ces machines (ordinateurs centraux, serveurs, baies de stockage, équipements réseaux et de télécommunications, etc.) fonctionnent de concert en double, voire en triple exemplaire, au cas où la Corée du Nord nous déclare la guerre ou la famille Balkani décide de nous couper le jus si nos gueules ne leur reviennent pas.

La chaleur produite. Avantage ou inconvénient ? Ou comment en profiter.

Comme il est expliqué plus en amont, refroidir ces milliers d’ordinateurs et autres bêtes à fil nécessitent des systèmes de climatisation toujours plus puissants. Un data center de la taille d’une petite usine peut consommer autant d’électricité qu’une ville moyenne.
Aussi, nous apprenons que les data centers de Google, Apple et Facebook sont implantés au cœur du massif des Appalaches aux Etats-Unis. Pourquoi les Appalaches ? Parce que dans les Appalaches, mesdames et messieurs, il y a des mines de charbon qui alimentent en permanence les centrales électriques nécessaires à faire fonctionner les datacenters de Google, Apple et Facebook. Dingue, non ? La boucle est bouclée.

Le dernier tiers du film se concentre sur la convergence entre ces nouveaux moyens de communication et les énergies renouvelables. Nous n’en avons pas terminé avec ces histoires complexes de boucles de rétroactions. Aujourd’hui, on implante des data centers dans les pays nordiques pour profiter des températures polaires. Plus besoin de clim’ en hiver, il suffit d’ouvrir les fenêtres ! D’autres sociétés ont fait le choix des panneaux voltaïques (et des éoliennes) évitant de solliciter les centrales gourmandes en énergie fossile.

L’économiste américain Jeremy Rifkin prône la troisième révolution industrielle. La chaleur engendrée par les data centers doit profiter à la communauté. En effet, le numérique pourrait devenir le nouveau moyen de chauffage des particuliers et des collectivités. Chaque foyer pourrait disposer d’un mini-data center qui remplacerait ses convecteurs. Cette invention incroyable nous la devons à l’ingénieur français Paul Benoît. Cliquez ici et vous saurez tout.

Vous l’aurez compris, le film documentaire Internet, la pollution cachée, ludique et pédagogique, est un indispensable outil à l’éveil de la conscience.

 
Internet, la pollution cachée de Coline Tison et Laurent Lichtenstein. France, 2014. DVD disponible aux Editions Montparnasse.

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