Carol, de Todd Haynes

 

Carol, de Todd HaynesNew York, années 1950. Carol est riche et mariée, mère d’une petite fille. Therese est jeune et pauvre, vendeuse au rayon jouets d’un grand magasin. L’une est corsetée par un mari qui ne la considère pas, l’autre par une société de privilégiés. Les deux vont se rencontrer et découvrir chez l’autre ce qui leur manquait.

Exit le lyrisme de Loin du paradis, l’excentricité de Velvet Goldmine ou la construction enchantée de I’m Not There : Carol est un film classique. Ajoutons : d’une beauté rare, magnifié par la photographie d’Ed Lachman et le jeu sublime des deux comédiennes, Cate Blanchett et Rooney Mara. La mise en scène, subtile et nonchalante, aux plans léchés, contredit la fougue qui se joue à l’écran : Carol est une œuvre sur la folie qui nous prend quand on tombe amoureux. Cinéaste porte étendard de la cause gay, Todd Haynes raconte cette relation entre deux femmes avec tendresse, alors que la simple présomption d’une sexualité déviante les condamne au mieux à la violence du regard des autres, au pire à des poursuites judiciaires – tous les Etats fédéraux punissaient alors les « perversions » sexuelles. Si Therese ne risque que le chagrin d’amour, Carol joue sa vie et sa position. Pourtant, malgré la menace de perdre la garde de sa fille, l’héroïne de Todd Haynes laisse de côté la raison et choisit la passion. Face au poids des conventions, Carol préfère la liberté, aussi pesante soit-elle. Une reconstitution touchante d’une certaine époque américaine, malheureusement pas si lointaine de la France de la Manif pour Tous.

 
Carol de Todd Haynes, avec Cate Blanchett, Rooney Mara, Sarah Paulson, Kyle Chandler… Royaume-Uni, Etats-Unis, 2015. Présenté en compétition au 68e Festival de Cannes.