A Very Englishman, de Michael Winterbottom

 

A Very Englishman, de Michael WinterbottomQui l’eût cru ? Celui qui fut longtemps considéré comme l’homme le plus riche d’Angleterre, qui possédait une bonne partie du quartier de Soho, avait bâti son empire sur le marché de l’érotisme. Ses femmes dénudées encanaillaient le Tout-Londres, que ce soit lors de shows d’effeuillage burlesque, dans des pièces de théâtre, dans des magazines ou dans des boîtes libertines, à une époque où la libération sexuelle n’était pas encore à son apogée. Mais voilà, Paul Raymond était un petit malin, contournant les lois avec intelligence, regorgeant d’idées pour sans cesse accroître son capital, investir dans l’immobilier et offrir ainsi à sa fille avide de reconnaissance, une vie de luxe et de volupté. Pour le calme, on repassera, tant la grandeur va de pair avec la décadence, forcément. Pendant anglais de Larry Flint, Paul Raymond a connu une vie plutôt tumultueuse et plus que ses succès, ce sont ses pulsions sexuelles, son penchant pour la fête alcoolisée et saupoudrée de coke, auxquels va s’intéresser Michael Winterbottom pour son retour derrière la caméra depuis Trishna, au succès confidentiel. Et ce film qui commence comme un Austin Powers débridé, aux dialogues ciselés à l’humour so british, va peu à peu s’enliser dans le drame, par le biais de flash-back incessants. Paul Raymond trompe sa femme avec une ribambelle de maîtresses qu’il trompe également avec une armée de coquines qui s’acoquinent avec lui dans son lit, à plusieurs tant qu’à faire. Misère affective, overdose de sa fille chérie pendant que ses affaires ne cessent de prospérer, la vie de Paul Raymond n’a rien d’un long fleuve tranquille. Totalement méconnu de l’autre côté de la Manche, il n’est pas certain que ce biopic à la bande-annonce légère et trompeuse, fonctionne chez nous autres dévoreurs de grenouilles, malgré l’abattage de Steve Coogan (qui retrouve le réalisateur pour une nouvelle collaboration), le charisme de Tamsin Egerton (une découverte !) et d’Imogene Poots et les donzelles peu frileuses qui s’égrènent de scène en scène. Et l’excitation du début laisse place peu à peu à l’ennui. En somme, un film qui a du corps, mais qui manque un tout petit peu d’âme.

 
A very Englishman de Michael Winterbottom, avec Steve Coogan, Imogene Poots, Anna Friel, Tamsin Egerton, Chris Addison… Angleterre, 2012. Sortie le 19 juin 2013.