Sept jours à La Havane

 

En sélection Un Certain Regard au 65e Festival de Cannes

Sept jours à La HavaneDe Benicio Del Toro, Pablo Trapero, Julio Medem, Elia Suleiman, Juan Carlos Tabio, Gaspar Noé et Laurent Cantet.
Benicio Del Toro, c’est le Sean Penn latin. C’est le gangster maniéré dans Usual Suspects de Brian Singer, c’est le policier mexicain désabusé dans Traffic de Soderbergh. Réalisateur qu’il retrouvera quelques années plus tard pour donner vie dans un diptyque épique à la figure révolutionnaire du Che. C’est encore l’ex-taulard dans 21 grammes d’Alejandro Gonzalez Iñarritu.
Pablo Trapero, quant à lui, fait figure, avec Diego Lerman ou Lucrecia Martel, de chef de file de la Nouvelle Vague argentine. Habitué du festival cannois, il était déjà venu présenter El Bonaerense en 2002 (Un Certain Regard) et Leonera en 2008, sélectionné en compétition. Dans Carancho, son dernier film, le cinéaste confirmait son statut de cinéaste engagé, en dénonçant les déviances d’une société argentine aux institutions corrompues.
Avec Julio Medem, on retrouve un cinéma plus intimiste, poétique et parfois mystérieux (L’Ecureuil rouge, Les Amants du cercle polaire, Lucia et le sexe, Yo también…), souvent plus soucieux d’interroger les états d’âme de ses personnages que le monde dans lequel ils s’inscrivent.
Accoutumé au grand rendez-vous du cinéma international, le réalisateur palestinien Elia Suleiman se fait surtout connaître avec son Intervention divine, une critique ironique de l’absurdité de la situation géopolitique en Palestine présentée en compétition à Cannes en 2002 et récompensé du prix du Jury. Une compétition qu’il retrouve sept ans plus tard avec Le Temps qu’il reste, un récit en forme de carnet de route, celui d’une famille palestinienne vivant à Nazareth, de 1948 à nos jours. Deux œuvres représentatives d’un cinéma proche de celui d’un Tati ou d’un Keaton, dans lequel politique et esthétique apparaissent comme parfaitement indissociables.
“Choquer est un plaisir”… Trublion agité du septième art, Gaspar Noé a souvent défrayé la chronique et la Croisette par ses prises de positions artistiques souvent fracassantes, parfois arrogantes. Avec des films tels que Irréversible (qui avait scandalisé les festivaliers cannois en 2002) ou Enter the Void, sélectionné en compétition en 2010, le cinéaste déroule des thèmes de réflexions aussi sulfureux que la haine, la violence, la drogue, la sexualité ou la pornographie. Des réflexions auxquelles le spectateur n’est, non plus invité, mais forcé de prendre part. On est souvent pro ou anti-Noé, mais rarement entre les deux. Preuve d’une personnalité insolite et d’une œuvre déroutante.
Juan Carlos Tabio est l’une des figures incontournables du cinéma cubain, reconnu pour son cinéma critique, sarcastique et ironique mais toujours bienveillant. Il est notamment le coréalisateur, avec Tomás Gutiérrez Alea, de Fraise et chocolat en 1993, véritable vitrine du cinéma cubain. Une œuvre éminemment polémique de par le choix de sa thématique, l’homosexualité, qui s’était vue récompensée du prix spécial du Jury au Festival de Sundance en 1995.
Laurent Cantet, c’est notamment Ressources humaines, réalisé en 1999, un premier long-métrage de cinéma dans lequel le cinéaste entremêlait documentaire et fiction. Une œuvre largement saluée par la critique, récompensée par deux César, celui de la Meilleure première œuvre et du Meilleur jeune espoir pour Jalil Lespert, seul acteur professionnel au milieu d’un casting d’amateurs. Le réalisateur se voit consacré en 2008 avec Entre les murs, bien sûr, qui reçoit la récompense suprême au Festival de Cannes. Un docu-fiction, ou plus exactement une fiction documentaire adaptée à partir du roman éponyme de François Bégaudeau, dans lequel l’auteur évoquait ses souvenirs de professeur de français dans un collège dit “difficile”.

Sept jours à La Havane, c’est donc sept chapitres, sept réalisateurs, sept regards, un pour chaque jour de la semaine. Un film construit en cadavre exquis porté par sept talents du cinéma international chargés de dérouler autant de récits. Des récits indépendants qui, mis bout à bout, rassemblés dans une trame commune constituent au final un instantané inédit de La Havane. Au fil des quartiers, des atmosphères, des générations, des classes sociales et des cultures, les réalisateurs entrecroisent leurs sensibilités, leurs parcours et leurs styles pour offrir un véritable portrait contemporain de la mythique capitale cubaine.

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