Souvenirs de toiles de Sébastien Tellier

 

Sébastien TellierLe piano, il a appris à en jouer sur François De Roubaix et Michel Legrand. Il a grandi entre les pellicules de Brian de Palma et de Randal Kleiser. Dans l’interstice improbable entre Phantom of the Paradise et Grease. Il y a quelques mois sortait son album Confection, une lettre d’amour à un film qui n’existe pas, nous confiait-il. Il y a quelques jours, Sébastien Tellier annonçait son nouvel album à paraître en mai, L’Aventura, dans lequel il explore son enfance. Retour sur l’éducation cinématographique de ce drôle d’électron musical.

 
Votre premier film ?

Rox et Rouky, de Disney forcément. J’ai pleuré. Mais je dois avouer quelque chose. Quand j’étais jeune, j’allais au cinéma d’Enghien. Et là-bas, il y avait un des premiers McDo qui avait ouvert. C’était surtout le burger qui me plaisait, en fait.

Le film le plus érotique ?

L’Année des méduses. Je devais avoir 8 ans. Des filles, toutes les seins à l’air, des histoires de cachoteries sexuelles…

Le Bon, la brute et le truand, de Sergio LeoneLe film dont on ne se remet pas ?

Genre la claque ? C’est un Sergio Leone, ça c’est certain… Avec Clint Eastwood. N’importe lequel.

L’acteur – ou l’actrice – disparu avec qui vous auriez aimé dîner ?

C’était une reine d’Hollywood dans ce film… Ah ! Je ne m’en souviens plus. Une grande actrice des années 1940, bon sang ! Non, ça ne me revient pas. Bon, sinon, je prendrais Kelly Brook de Piranha 3D.

Le film interdit qu’on essaie de se procurer par tous les moyens ?

Moi, c’est Cannibal Holocaust, évidemment. Quand j’étais ado c’était vraiment dur de le trouver. Et finalement j’ai réussi. Je n’ai pas été déçu. Des bites écrasées avec les pierres ! J’étais jeune, 14 ans environ… Mais je me souviens, j’avais de la chance à l’époque. J’habitais un quartier à Cergy-Pontoise où une famille vietnamienne près de chez moi faisait des copies de VHS. Le salon était bourré de magnétoscopes. Et donc j’avais tous les films en avant-première, un choix insensé. Un accès incroyable au cinéma. C’était génial.

La Belle et la bête, de Jean CocteauLe film que vous auriez aimé réaliser ?

La Belle et la bête de Jean Cocteau. Je trouve ça parfait. J’adore la poésie de ce film. Ca manque énormément au cinéma, aujourd’hui. J’aime la poésie d’un film comme Enter the Void de Gaspar Noé, par exemple. J’aimerais que le monde soit plus poétique. Et là, avec La Belle et la bête de Cocteau, on est vraiment dans la poésie pure. C’est un film sensible, raffiné, vraiment extraordinaire. C’est quasiment de la science-fiction à laquelle on a envie de croire. J’aurai adoré réaliser ce film. J’y trouve une atmosphère que j’essaie d’ailleurs de reproduire avec ma musique. Sinon, rien à voir, je kiffe le cinéma d’Oliver Stone. Enfin, à l’époque où il faisait des bons films. Comme Tueurs nés dans lequel je trouve qu’il y a aussi un côté dessin animé. Un peu faux. J’aime bien quand le faux se met au service du vrai. Des vraies sensations.

Votre héros préféré ?

Jack Bauer de 24h chrono. J’adore ! C’est “la fin justifie les moyens” poussé à son paroxysme.
Sinon, j’aime beaucoup également la série The Wire. C’est vraiment bien foutu. Les personnages sont sympas. J’y trouve mon compte. Côté séries, en France, on essaie de progresser. J’ai vu une adaptation à la française de The Mentalist, avec un gars d’Hélène et les garcons, je ne sais plus comment ça s’appelle. C’était très raté.

Les premières grosses larmes ?

The Wall, d'Alan ParkerC’était Love Story d’Arthur Hiller avec Ali McGraw et Ryan O’Neal. Dur ! Vraiment le sanglot total. Mais bon, avec Bambi et Rox et Rouky, j’ai beaucoup pleuré aussi.

La VHS que vous conservez précieusement ?

Le film The Wall d’Alan Parker, réalisé sur la base du double album des Pink Floyd. Cette idée de se créer un mur derrière lequel on se réfugie… On croit se préserver, se mettre à l’abri alors que c’est tout le contraire. On se coupe de tout et de tout le monde. Et vient ensuite le besoin de briser ce mur. Le message de ce film – et du disque bien sûr – est génial. J’aimerais bien que mon fils le voie. Je n’ai pas envie de le foutre à la poubelle. Ça fait partie, comme les Trois contes de Flaubert, des trucs que je garde précieusement.

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